Actualités of Friday, 11 April 2025
Source: Jorel Zang
Il y a de ces histoires, quand tu en prends connaissance, tu ne peux que vouloir davantage le changement au Cameroun. En tout cas, tu ne peux pas défendre ce régime. Je voudrais vous parler de Michel Thierry Atangana. Ce Français d'origine camerounaise s'est retrouvé jeté en prison au Cameroun pour 17 ans dont 5 ans en isolement total au SED.
C'est d'ailleurs l'un des premiers et plus célèbres prisonniers du régime à avoir été victime du rouleau compresseur sous sa forme la plus violente. Le rouleau compresseur étant une technique du régime camerounais consistant à jeter une personnalité publique ou politique en prison sans jugement ni mandat d'arrêter et souvent pendant de très longues années pour, au bout de quelques années, la juger pour une peine/sanction lourde.
Le but étant de vous détruire mentalement en vous gardant pendant des années en prison avant de vous donner un jour le coup de grâce avec une peine lourde. C'est le cas de la quasi-totalité des personnalités en prison au Cameroun. Dans le cas d'espèce et pour revenir à Thierry Atangana, tout débute donc en 1997 juste après la démission du professeur Titus Edzoa de son poste de secrétaire général de la présidence de la République le 20 avril pour se présenter aux élections présidentielles en début juillet 1997.
La démission de celui qui était alors considéré comme le vice dieu du Cameroun de par sa position au cœur du pouvoir et dont son étroite proximité avec Paul Biya est perçue comme la pire des trahisons et un péché impardonnable aux yeux du palais. Cette démission passe d'autant plus mal que le Pr Titus Edzoa ne se contente pas simplement de démissionner, mais il veut challenger son ancien patron. Suffisant pour que Paul Biya et son entourage voient rouge et estiment que la goutte de trop a été versée par son ancien plus proche collaborateur.
Le même jour et en soirée, la maison du Pr Titus Edzoa est militarisée et il est arrêté sans aucune autre forme de procès devant son épouse et ses enfants et sans aucune convocation et sans mandat d'arrêt et sans qu'on puisse lui dire où on l'emmène. Thierry Atangana du fait de sa proximité avec Titus Edzoa dans le cadre du programme Copisur se retrouve arrêté à son tour quelques jours plus tard aux premières lueurs de la journée sans mandat d'arrêt également et est transféré à la Direction de la police judiciaire (DPJ).
Toutefois, on lui fait comprendre qu'il est soupçonné et même accusé d'être le chef de campagne de Titus Edzoa. Pourtant le Pr Titus Edzoa en se déclarant candidat avait clairement donné le nom de son chef de campagne qui n'était pas Thierry Atangana. Ses biens au Cameroun ainsi que ceux du Pr Titus Edzoa sont saisis et dans la foulée, les papiers français de Thierry Atangana disparaissent comme par magie.
Alors qu'une garde à vue au Cameroun est limitée à 72 heures au maximum, Thierry Atangana se retrouve à y passer 50 jours dormant par terre sur une toute petite natte avec toutes les violences verbales, psychologiques et même physiques que vous pouvez imaginer pour un prisonnier politique. Pendant 50 jours, on ne lui dit donc rien de plus sur les motifs de son interpellation, sauf à lui répéter ce qui lui a été déjà dit au préalable à savoir que le palais le soupçonne d'être le chef de campagne de Titus Edzoa.
Le 3 octobre 1997, respectivement à 3 heures du matin pour Titus Edzoa et 4 heures du matin pour Thierry Atangana et sans la présence de leurs avocats respectifs, les deux prévenus qui n'ont pas eu droit de se faire entendre, sont informés par le ministère public et le procureur de la République que l'État du Cameroun les accuse d'avoir détourner les fonds publics du Copisur et après un délibéré à la va-vite de 15 minutes environ, ils sont jugés à une peine similaire de 17 ans de prison chacun.
Les deux condamnés sont transférés au SED dans des cellules où ils sont enfermés 24h/24 sans pouvoir sortir de cellule. Toutefois, au bout de 5 ans, le sieur Thierry Atangana avait droit à une heure par jour hors de sa cellule, donc il passait 23h/24 dans la cellule, isolé de tous et parfois sans manger, car on refusait la nourriture que sa famille allait lui donner.