Une cour d'appel camerounaise a ordonné le déblocage des comptes bancaires de la filiale locale de l'opérateur télécoms sud-africain MTN, selon les déclarations de l'opérateur relayées par Reuters le 2 avril.

En septembre 2022, une décision de justice avait gelé les comptes camerounais de MTN Group, contenant 14 milliards de francs CFA (21,34 millions d'euros), dans le cadre d'un différend entre l'entrepreneur camerounais Baba Ahmadou Danpullo et une banque sud-africaine.

Le litige concerne un prêt immobilier contracté entre Ahmadou Baba Danpullo, l'un des hommes les plus riches d'Afrique centrale et propriétaire des sociétés du groupe Bestinver, et la First National Bank (FNB) d'Afrique du Sud. Après que la FNB a liquidé un certain nombre de propriétés appartenant à Danpullo en Afrique du Sud, l'homme d'affaires s'est vengé en demandant à un tribunal camerounais de geler les comptes de sociétés sud-africaines, dont MTN.
Cette saisie menaçait les opérations de la filiale camerounaise de MTN, numéro un du marché dans ce pays d'Afrique centrale avec environ 16 millions d'utilisateurs.

En 2023, MTN Cameroun avait déclaré que ses fonds devaient être transférés sur un compte séquestre géré par le greffier du tribunal dans le cadre d'une ordonnance de saisie-arrêt liée au litige.

MTN a fait appel et un tribunal a statué le 24 février que les sociétés du groupe Bestinver n'avaient pas le droit d'imposer ces saisies, a déclaré l'opérateur dans un communiqué daté du 31 mars, et consulté par Reuters mercredi : « MTN Cameroun se félicite de cette décision, qui affirme la légitimité de sa défense et rétablit ses droits. »

Cette décision représente une étape importante pour l'opérateur télécoms qui pourra désormais poursuivre ses activités sans cette contrainte financière majeure qui pesait sur ses opérations au Cameroun.

Malgré ce revers judiciaire, le camp Danpullo ne semble pas prêt à abandonner la partie. L'un des avocats de Baba Danpullo, Mbanzehe Aggee, a expliqué qu'il ferait une nouvelle tentative pour saisir les actifs : « Nous suivons les procédures légales pour obtenir un ordre d'exécution. »
Cette affaire, qui dure depuis plus de deux ans, illustre les défis juridiques auxquels peuvent être confrontées les entreprises internationales opérant au Cameroun et met en lumière l'influence considérable des grandes fortunes locales dans le paysage économique et judiciaire du pays.