Les partis politiques se déchirent autour des stratégies à adopter pour barrer la route au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
« Les jets d’eau, c’est bien. Mais c’est encore mieux d’être plus vrai, plus sincère, et plus imaginatif que ca». C’est l’avis du Président de l’Union pour la fraternité et la prospérité (Ufp, Olivier Bilé sur les récents événements qui ont conduit à l’arrestation des militants des partis politiques ayant lancé le mouvement «je suis debout pour le Cameroun».
«Il faut sortir de l’ostracisme, du tribalisme» a en outre ajouté le leader de l’Ufp. Une position qui est commune à la majorité des formations politiques s’étant réunie hier dans les bureaux de l’Union démocratique du Cameroun d’Adamou Ndam Njoya.
Ainsi, pour la faction Union des populations du Cameroun (Upc) de Victor Onana, l’initiative et la résistance des fidèles de Maurice Kamto, de Kah Walla, de Ndema Same et de Prosper Nkou Mvondo se veut un acte irréfléchi.
Pour ce dernier donc «le projet a été fait sans aucune explication pré-détaillée. Cela répond à des situations conjoncturelles. Ca ne résout rien» condamne-t-il.
Dans cette vague de désapprobation des méthodes de la coalition du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), du Cameroon people’s party (Cpp), de l’Union des populations du Cameroun (upc faction des fidèles) et du parti Univers, certains essaient cependant d’être plus policés. La présidente de l’Alliance pour les forces progressistes (Afp) Alice Sadio par exemple a tourné sa langue sept fois dans sa bouche.
«Nous condamnons la répression des partis politiques qui a eu lieu le 29 mars dernier à Odza. Même si nous ne sommes pas d’accord à la virgule près avec leur initiative de s’opposer». Le leader de l’Union démocratique du Cameroun lui également surfe sur la vague de la langue de bois.
«Nous avons tout pour ne plus nous trouver dans les situations où des individus vont entrainer tout le monde dans des confrontations stériles : interdire des réunions politiques c’est d’un autre temps et se situer dans la situation qui se prête aux interdictions c’est aussi d’un autre temps», soutient Adamou Ndam Njoya.
Résurrection du «pacte républicain»
L’opposition n’est toutefois pas uniquement en désaccord sur les méthodes à mettre en œuvre pour passer à l’alternance au sommet de l’Etat. Si la coalition à l’origine de l’Initiative. « Je suis debout pour le Cameroun » milite pour qu’aucun changement ne soit porté à la Constitution, la plateforme que veut ressusciter l’UDC se veut plutôt pour.
En effet, l’Alliance pour les forces progressistes, l’Upc faction de Victor Onana, le parti des serviteurs loyaux de la Nation (PSLN) notamment entendent s’employer à soutenir la modification constitutionnelle envisagée par le parti de la flamme. A une virgule près.
Pour ces derniers, il serait question de toiletter les textes notamment en mettant un verrou sur le nombre de mandats présidentiels et leur durée. Ce projet se veut dès lors l’un des desseins de la plateforme à laquelle les partis qui ont pris part au point de presse de ce 07 avril 2016 souscrivent.
Un projet qui devra dès lors s’appuyer sur le « Pacte républicain » né en mai 2012 aux lendemains de la présidentielle de 2011. Ce regroupement constitué de 7 partis politiques de l’opposition à l’origine (Sdf, Cpp, ADD, Afp, Udc , Paddec, Pap) avait pour but de resserrer les rangs de l’opposition dans un cadre normatif.
Le but étant de faire front commun contre le Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Toutefois se rappelle-t-on, des défections dont celle du Social democratic front (Sdf) ont fragilisé la coalition, ramenant à trois les partis engagés dans cette aventure.
L’Union démocratique du Cameroun entend ainsi s’employer à remettre sur les rails ce projet avec l’aide de nouveaux adhérents. Une ambition qui se heurte aux résultats jusqu’ici mitigés du Pacte républicain et à la division dans laquelle semble baigner l’opposition camerounaise.