Le substitut du Procureur Aba BOUKAR, fils du président de l'Assemblée nationale, aurait été connu pour ses pratiques controversées selon plusieurs témoignages
Suite à l'agression survenue au tribunal de Tibati dans la région de l'Adamaoua, où le substitut du Procureur Aba BOUKAR a été poignardé en pleine audience par un prévenu, de nouvelles informations émergent concernant la réputation du magistrat.
Selon plusieurs témoignages recueillis auprès d'habitants de Tibati et de personnes ayant eu affaire à la justice locale, le fils du président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, aurait été surnommé "Monsieur 10 ans" en référence à sa propension présumée à requérir systématiquement de lourdes peines contre les prévenus qui refusaient de céder à des demandes financières.
"C'était un secret de polichinelle dans la région", affirme un avocat exerçant régulièrement à Tibati, sous couvert d'anonymat. "Beaucoup craignaient de comparaître devant lui car sa réputation le précédait. Son surnom de 'Monsieur 10 ans' n'était pas usurpé, selon de nombreux justiciables."
Ces témoignages, qui se multiplient depuis l'agression du magistrat, dressent le portrait d'un homme qui aurait utilisé sa position et ses connexions familiales pour s'enrichir aux dépens des justiciables. Plusieurs sources évoquent un "système bien rodé" où les prévenus se voyaient proposer des arrangements financiers en échange de réquisitions plus clémentes.
"Quand un prévenu refusait ou ne pouvait pas payer, la sentence était souvent extrêmement sévère, parfois disproportionnée par rapport aux faits reprochés", rapporte un habitant de Tibati qui dit avoir assisté à plusieurs audiences.
Si ces allégations se confirment, elles pourraient offrir un éclairage nouveau sur l'agression dont a été victime Aba BOUKAR. Bien que rien ne puisse justifier un tel acte de violence, ces révélations soulèvent des questions sur le contexte dans lequel cette agression s'est produite.
Pour l'heure, les motivations exactes de l'agresseur restent inconnues du public. L'individu, actuellement en garde à vue, n'a pas encore fait de déclaration officielle concernant son geste.
Face à ces témoignages, les réactions sont partagées. Si certains condamnent fermement l'agression du magistrat, d'autres appellent à une enquête approfondie sur les pratiques judiciaires à Tibati.
"La violence n'est jamais une réponse acceptable, quelle que soit la situation, mais ces allégations, si elles sont avérées, révèlent un problème systémique qui doit être traité", estime un responsable d'ONG spécialisée dans les droits humains au Cameroun.
Cette affaire risque de mettre en lumière des dysfonctionnements potentiels au sein du système judiciaire camerounais. La filiation du magistrat avec l'une des plus hautes personnalités de l'État rend l'affaire particulièrement sensible.
Le ministère de la Justice n'a pour l'instant pas réagi à ces allégations de corruption. Quant au président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, il n'a toujours pas fait de déclaration publique concernant l'agression de son fils, ni sur les accusations qui pèsent désormais sur lui.