Osons la question que personne ne veut poser à haute voix : où est Paul Biya ? Parti du Cameroun depuis le 2 septembre 2024, le président a disparu des radars, sans nouvelles depuis plus d'un mois. Aperçu pour la dernière fois le 4 septembre aux côtés de Xi Jinping, il a manqué plusieurs événements importants, suscitant des rumeurs sur son état de santé. Face à cette absence prolongée, les Camerounais s'interrogent et s'inquiètent. Le président, âgé de 91 ans, doit être là pour entretenir l'illusion d'un pays dirigé. Ceux qui gouvernent aux côtés du chef de l’État ont l’obligation républicaine de répondre à cette question lancinante : où est Paul Biya ? Jean-Bruno Tagne
Osons la question que personne ne veut poser à haute voix : où est Paul Biya ? Ce n’est point faire outrage ou offense au président de la République que de poser cette question pour le moins basique dans tout République normale.
Parti du Cameroun depuis le 2 septembre 2024, Paul Biya a disparu des radars. Plus d’un mois déjà qu’on est sans nouvelles de lui. Il a été aperçu pour la dernière fois le 4 septembre, posant tout sourire et apparemment en grande forme aux côtés de son homologue chinois Xi Jinping.
On l’annonçait au sommet des Nations Unies les 22 et 23 septembre à New York. Il n’y a pas mis les pieds alors qu’une équipe de la Crtv, la télévision publique, l’y avait précédé. On l’attendait le 28 septembre pour la finale de la coupe du Cameroun de football. Il a faussé compagnie à ses compatriotes. On espérait le voir le 4 octobre aux côtés d’une quarantaine d’autres dirigeants du monde à Villers-Cotterets en France au sommet de la Francophonie. Pas de trace. Où est donc Paul Biya ?
Simulation
En d’autres circonstances son absence eut été un non-événement, tant l’homme a habitué ses concitoyens à ce genre de fugue ou plutôt de « courts et longs séjours », selon la phraséologie officielle. Il n’a d’ailleurs pas encore battu son propre record puisqu’il a souvent passé jusqu’à deux mois au calme dans son nid douillet de l’Hôtel Intercontinental où il fait partie des meubles depuis pratiquement un demi-siècle. Mais la situation cette fois est différente. Le président paul Biya, âgé de 91 ans est un homme fragile sur qui on doit veiller. Et toute absence prolongée d’une telle personne ne peut que susciter l’interrogation et l’inquiétude. A moins d’être totalement irresponsable.
Face au déficit de parole officielle sur la situation du président de la République, toutes sortes de rumeurs fleurissent depuis plusieurs semaines. On le dit tantôt très malade et en soins intensifs, tantôt dans le coma ; sans que les Camerounais soient capables de distinguer ce qui relève de la réalité ou du pur fantasme…
S’il est vraiment malade - ce qui est son droit - alors il mérite notre compassion humaine et les énergies de ses compatriotes pour un prompt rétablissement. Et s’il lui était arrivé pire, ce serait son destin. Celui de tous les humains. Et s’il ne s’agissait en fin de compte que d’une manipulation de quelque marabout de la Com’, ce serait le comble du ridicule. Être réduit après 42 ans de pouvoir à simuler sa propre mort pour l’on ne sait quelle fin, serait une preuve supplémentaire qu’il n’a plus grand chose à proposer.
Il doit être là
Quel est donc cette espèce de pays où le président de la République peut disparaître sans laisser d’adresse pendant plus d’un mois ? Ceux qui disent diriger le Cameroun aux côtés du chef de l’État ont l’obligation républicaine de répondre à cette question lancinante : où est le président de la République ? Oû est Paul Biya ?
On nous retorquera qu’il ne fait pas déjà grand-chose pour le développement de son pays ou pour le quotidien de son peuple quand bien même il est à Yaoundé. Le Cameroun étant en pilotage automatique depuis belle lurette. Avec en sus un gouvernement totalement irresponsable et dépassé par les événements. Mais au moins il est là et entretient l’illusion d’un pays dirigé. Au moins en apparence. Président de la République c’est une fonction de présence. Il doit être là.
Jean-Bruno Tagne