• Le "Monument patriote" est le sujet de l’heure à Yaoundé

• L’ouvrage fait parler les Camerounais

• Les réactions de quelques-uns en ce jour prévu pour l'inauguration

Le "Monument patriote" est sis au rond-point entre les services du Premier ministre et le ministère de l’Enseignement supérieur de la Primature à Yaoundé. Il va être inauguré mardi le 17 mai 2022 par la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès. Manifestement, il ne fait pas vraiment l’unanimité.

Kevin Fotso, directeur de publication de la Voix du Moungo

Aimer son pays, c’est d’encenser leurs enfants qui dépensent des millions dans les boîtes de nuit ; Non! L’amour pour son pays n’est pas un décret présidentiel, mais la recherche permanente du bien-être de tous les citoyens. La jeunesse de 1985 n’est pas celle de 2022 beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et il faut urgemment changer de paradigme.

Le problème que j’ai avec ce monument c’est qu’il est un peu le symbole des théories sur le patriotisme qui se résume à 'Aimez votre pays et fermez vos yeux'. Et ce n’est pas un hasard si en dessous des deux messages on a un ballon de football. C’est bien parce ce sport est un opium très fort capable de faire oublier qu’il y’a ni eau, ni électricité quand Karl Toko Ekambi marque à la dernière minute à Blida.

Il y a aussi cette tendance à pousser les victimes du manque de patriotisme de certains (suivez mon regard) à se culpabiliser et à remettre en question leur propre amour pour le Cameroun. Non ! Arrêtez ça ! Vous n’avez aucune leçon de patriotisme à donner aux gens.

Le journaliste Riphin Ngoppe

Ce patriotisme qui agace ! Ni l’amour ni le patriotisme ne se résume à la fourberie. Quand ils nous demandent d’aimer notre pays, voici le sens qu’il donne à cette phrase ! Selon eux, aimer son pays, c’est de les laisser voler encore et encore ; aimer son pays c’est de les laisser envoyer leurs enfants dans les grandes écoles à recrutement direct; aimer son pays c’est de les laisser envoyer leurs enfants dans les plus grandes universités d’Europe ; aimer son pays, c’est de les observer arracher impunément les terres de pauvres citoyens ; aimer son pays, c’est de les laisser réserver des postes de prestiges à leurs progénitures dans la fonction publique.

L’homme politique Hilaire Kamga

Le vrai message à mettre sur le monument patriotique, c’est : ces pauvres aiment ce pays que nous pillons. On était vraiment obligé de mettre ce message dessus ? Qui veut se tromper lui-même ? Ceux qui vident nos caisses pour leurs poches ? Ceux qui se soignent toujours en Occident avec nos milliards après 40 ans de règne ? Ceux qui ont pillé impunément des centaines de milliards dans nos caisses au prétexte de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et de la covid-19 ? Ceux qui appauvrissent nos enseignants sans vergogne ? Non, vous n’aimez pas ce pays. Non, ne nous provoquez pas. Le vrai message à mettre c’est : ces pauvres aiment ce pays que nous pillons.

Le député Cabral Libii

Déjà qu'il n'y a aucun effet "waouh !" pour cet encombrement quelconque, médiocre et tardif au cœur de Yaoundé. En plus ils n'ont même pas la dose de honte nécessaire pour faire disparaître ce ballon. Est-ce un "monument" commémoratif d'une Coupe d’Afrique des nations (CAN) dont le stade principal d'Olembe est un éléphant blanc ? A moins que c'en soit un autre...

Cette liste des personnes qui ne trouvent aucun intérêt à ce monument n’est pas exhaustive. Cela prouve très clairement, bien qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, que l’infrastructure n’accroche pas du tout les Camerounais. Pour Paul Biya et ses collaborateurs, la meilleure des choses serait de trouver ce qui manque pour que l’ouvrage soit accepté par tous, ou par la majorité des Camerounais.