Suite à la réception d’une lettre de la FIFA s’inquiétant de la nomination de Marc Brys au poste de sélectionneur du Cameroun par le ministère des Sports, possiblement sans l’aval de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), le président de l’instance, Samuel Eto’o, a adressé une lettre à son ministre de tutelle, Narcisse Mouelle Kombi.

Et la réponse de ce dernier a fusé ce mardi ! Alors qu’Eto’o réclamait un droit de regard sur la composition du staff technique des Lions Indomptables, l’homme politique l’a renvoyé dans les cordes !

Mouelle Kombi n’est pas dupe
Le ministre a d’abord fait comprendre à Eto’o qu’il est parfaitement conscient que le courrier de la FIFA fait suite à une lettre de complainte émanant de la Fecafoot :

«Il ne serait pas superfétatoire que vous mettiez à notre disposition une copie de la lettre par laquelle vous avez saisi la FIFA, en date du 6 avril 2024. Ceci, afin de nous permettre de mieux apprécier la qualité, la portée et l’adéquation de la réponse adressée à votre requête par l’instance faitière internationale de football, le 6 mai 2024.»

«Extraction partielle et partiale»
Mouelle Kombi a ensuite accusé la Fecafoot d’avoir retenu seulement les passages allant dans son sens dans la lettre de la FIFA, en occultant les autres. Le ministre s’estime en effet dans son bon droit en ayant nommé Brys :

«Réponse qui apparaît sans ambigüité par rapport à la validité de la démarche instruite au Gouvernement par le Chef de l’Etat, sur le fondement de l’article 9 de la Convention MINSEP-FECAFOOT du 5 février 2015. En effet, dans la lettre que vous m’avez adressée ce jour vous procédez par extraction partielle et partiale ainsi que par lecture parcellaire et biaisée de la correspondance de la FIFA.

Votre interprétation participe d’une occultation manifeste de l’objet réel de la réponse de la FIFA, à savoir la reconnaissance de la régularité, de la légitimité et de la légalité du processus de désignation du staff d’encadrement technique, administratif et médical des Lions Indomptables, suite aux Hautes Instructions de la Présidence de la République (correspondance n°71/CF/SG/RR du 2 avril 2024).

Une lecture de bonne fol de la correspondance de la FIFA nous amène en effet à relever clairement que l’acte juridique de référence en la matière concernée est et demeure la Convention MINSEP-FECAFOOT du 5 février 2015. Il convient de rappeler que l’article 9 de ladite Convention donne pleinement la latitude à l’Etat, via le MINSEP, de recruter et de rémunérer les membres des structures d’encadrement des sélections nationales de football.

Par ailleurs, elle indique clairement la nécessité de l’avis obligatoire du Ministre des Sports pour tout recrutement à un poste d’encadrement, éventuellement opéré par la FECAFOOT Ainsi, est nulle et de nul effet toute nomination effectuée à ce sujet, sans l’avis préalable obligatoire du MINSEP. Le Gouvernement a bien respecté les termes de cette Convention.

La réponse de la FIFA est, dans le fond et par prétention, sans ambiguïté à cet égard. Au demeurant, le Gouvernement a toujours fait montre d’ouverture, ainsi que le traduisent les concertations courantes entre la FECAFOOT et le MINSEP, sous l’égide du Ministre, Secrétaire Général des Services du Premier Ministre.»

Menace à peine voilée
Par la suite, le ministre a adressé une menace à peine dissimulée à la Fecafoot en sous-entendant qu’il serait en droit de mettre son nez dans la manière dont l’instance gère les fonds publics alloués.

«Ces concertations pourraient, en cas de nécessité, s’intensifier et intégrer divers sujets, notamment le contrôle de l’usage des deniers publics mis à la disposition de la FECAFOOT par l’Etat, la maitrise de l’état civil des footballeurs, l’amélioration du cadre collaboratif, le bon usage des ressources humaines disponibles, le recyclage et le perfectionnement des personnels d’encadrement en cohérence avec les évolutions techniques actuelles, la rémunération et la gestion des carrières des footballeurs professionnels, l’amélioration de la gouvernance et la prévention des conflits au sein du football camerounais, etc.»

«Je vous exhorte à une franche et saine collaboration avec Marc Brys»
Mouelle Kombi a conclu sa missive en appelant à l’union sacrée autour de la sélection pour redorer le blason des Lions Indomptables et en exhortant donc Eto’o à accepter de rencontrer Brys et à travailler en bonne intelligence avec lui.

«Dans l’immédiat, suite à la correspondance de la FIFA, Il importe que la FECAFOOT assume les obligations qui sont les siennes aux termes de la Convention MINSEP•FECAFOOT, en vigueur, en facilitant le travail du staff technique dont la désignation des membres ne souffre d’aucune irrégularité.

En vous invitant à la bonne foi dans l’interprétation de la correspondance de la FIFA et pour l’intérêt supérieur des Lions Indomptables, je vous exhorte à une franche et saine collaboration tant avec le Ministère des Sports, votre tutelle, qu’avec le staff de l’encadrement technique conduit par le nouvel Entraîneur-Sélectionneur, Marc BRYS. Ceci, en vue de l’atteinte efficace et rapide des objectifs de meilleurs résultats, de bonnes performances et de victoires futures fixés aux Lions Indomptables par le Président de la République dans Son Message à la Jeunesse du 10 février dernier.

A quelques semaines d’importantes échéances qui engagent les Lions Indomptables (éliminatoires de la Coupe du monde 2026), il serait convenable de faire taire les polémiques stériles et les divergences inutiles qui n’honorent pas le football camerounais, pour le développement duquel la FECAFOOT a reçu de l’Etat une concession de service public. C’est dans la cohésion, l’harmonie, la paix et l’unité qu’ensemble, nous réussirons à redorer significativement le blason de notre emblématique Sélection Nationale de football Senior.»

Clairement, la rupture n’a jamais semblé aussi totale entre les différentes parties, qui ont décidé de laver leur linge sale en public. Reste à savoir si Eto’o décidera de rentrer dans le rang après ce coup de pression ou s’il poursuivra son bras de fer en se tournant vers la FIFA.