Pour les populations des alentours du dispensaire Messassi, dans l’arrondissement de Yaoundé VI, il serait très étrange de passer par l’axe qui mène à Nyom, sans remarquer la présence de cette table sur laquelle sont disposées de nombreux souliers, qu’ils soient des talons, des paires de tennis ou même des babouches. C’est bien le comptoir de Moustapha Ibrahim, cordonnier ou mieux encore bottier, depuis trois décennies.
« Issu d' une fratrie de 10 enfants, j'ai commencé cet activité dans mon nord natale à l’âge de 12 ans, ayant perdu mon père, mon grand frère et moi avions décidé de gagner de l'argent en développant des petits métier pour aider notre mère à nous nourrir. N'ayant pas fait de grands études, j'avais seulement recours au petit métier » , raconte-t-il. La corpulence peu chétive et la grisaille pleine la barbe et les cheveux, il redonne vie à des chaussures depuis plus d’une vingtaine d’années à ce coin de la rue.
Son atelier de fortune se constitue de nombreux outils parfaitement disposé de part et d’autre de sa table. Des lames, des aiguilles de toutes les tailles et des boites de colles fortes. C’est l’essentiel dont il a besoin pour les petits raccommodages. Pour les tâches les plus tenaces telles que la réfection des talons ou la couture des chaussures en cuir, il dispose également des mailloches, des poinçons, des tranchets et des râpes… « Pour les refaire, j' utilise mon fil et mon aiguille, je couds la chaussure avec soin de telle sorte que mon client revienne régulièrement avec des chaussures, lorsqu 'ils n'ont plus une bonne semelle où quant- ils sont décousus » , explique-t-il. Père d' une famille de deux enfants, le sexagénaire nourrit sa famille et ce de manière aisée. « C’est grâce à mon activité que je subviens aux besoins de ma famille » , réplique Moustapha. Alors que les considérations sociales laissent croire que le métier de cordonnier est un sot métier, Moustapha Ibrahim lui pense qu’il n’y a que de sottes personnes.
Lorsqu’il fait les comptes à la fin de la journée, « je n’ai rien à envier au banquier dont je couds les chaussures par jour, quand je travaille beaucoup, il peut arriver que je rentre avec 10 000 Fcfa, car un seul client, peut me confier presque un sac de chaussures et où je facture la paire en fonction de la gravité du problème. Généralement les prix commencent à partir 200 Fcfa, même si c'est seulement de la colle, car elle est devenue chère sur le marché » explique-t-il. Magasin Comme dans tout métier, Moustapha rencontre aussi des difficultés « il m'arrive très souvent de passer une journée entière sans aucun clients.
Dans ce cas, je reste à l'attente des clients qui me doivent de l'argent. Et même certains d'entre eux ne repasse plus chercher leurs chaussures, je suis obligé d'enlever certaines de ses chaussures, pour faire de l'espace. Il peut aussi arriver que la chaussure se perd et dans ce cas il me revient de payer la chaussure du client » , ajoute-t-il. En dehors du métier de cordonnerie, Moustapha est également tenancier d’un magasin qu 'il a pu créer en faisant de la cordonnerie. « Au bout des années dans la cordonnerie, j'ai décidé d'ouvrir un petit magasin ou je vends du des épices de toutes sortes en gros et e' détaille » , informe-t-il. Malgré cela il aspire à d'autres projets, « j'aimerais agrandir mon magasin et pourquoi pas avoir un magasin où je pourrais un peu de tout et même employé des jeunes chômeurs qui se qui se débrouille pour subvenir à leurs besoins » , conclut Moustapha.