Dans le jeu stratégique complexe de la privatisation bancaire camerounaise, les conseillers les plus proches du président Paul Biya orchestrent une négociation aussi subtile que déterminante pour l'avenir de Société Générale Cameroun.
Les architectes du pouvoir

Le Premier ministre Joseph Dion Ngute incarne le premier filtre politique de cette transaction. Ses multiples rendez-vous avec des investisseurs potentiels démontrent la méticuleuse sélection gouvernementale. Chaque rencontre est soigneusement préparée, chaque investisseur évalué avec la plus grande attention.

Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de Paul Biya, représente quant à lui l'incarnation du contrôle présidentiel. Sa présence dans ces négociations signifie que chaque décision stratégique est validée au plus haut sommet de l'État, sans la moindre concession.


Les révélations de Jeune Afrique lèvent un coin du voile sur des discussions aussi opaques que stratégiques. Idrissa Nassa, fondateur de Coris Bank International, a effectué deux séjours au Cameroun et rencontré les plus hauts représentants de l'État. Malgré ces démarches, aucune garantie ne lui est offerte concernant la reprise de SGC.


Ces négociations reflètent une tendance lourde au souverainisme économique. Éric Kombila, expert chez Global Capital Europe and UK, analyse cette dynamique avec précision : « Avec la montée du souverainisme, qui se traduit par un retour du protectionnisme économique, la décision camerounaise s'inscrit parfaitement dans cette nouvelle approche continentale. »


Le gouvernement camerounais se ménage plusieurs options stratégiques. La propriété temporaire par l'État représente une première possibilité. La réouverture des négociations avec Coris Bank en constitue une seconde. L'invitation de nouveaux acteurs bancaires locaux ou régionaux demeure également envisageable.

Société Générale Cameroun n'est pas un acteur mineur du paysage bancaire national. Deuxième banque du pays, elle présente un bilan impressionnant de 1 450 milliards de francs CFA et un produit net bancaire de 79,6 milliards en 2023.


En année électorale, chaque décision est calculée avec une précision chirurgicale. Le gouvernement ne se précipite pas, transformant l'attente elle-même en un instrument de négociation stratégique.