Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, le procès de l'affaire Martinez Zogo, qui s'est ouvert en mars au Cameroun, verra défiler à la barre des témoins de premier plan, tels que des ministres et des experts en cybercriminalité. La liste des témoins, encore confidentielle, contient une quinzaine de noms.

Le procès de l'affaire Martinez Zogo, journaliste camerounais assassiné, s'est ouvert en mars devant le tribunal militaire de Yaoundé. Les 17 personnes soupçonnées d'être impliquées dans cette affaire ont été présentées à la barre lors d'une audience spéciale le 25 mars. La prochaine audience, qui abordera les questions de fond, aura lieu le 15 avril. Bien que la liste des témoins reste confidentielle pour le moment, Jeune Afrique a obtenu des informations sur quelques-uns des témoins ordinaires et experts qui devraient être appelés à la barre.

Parmi les témoins les plus attendus figurent des personnalités politiques de premier plan, comme Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d'État secrétaire général de la présidence, et Samuel Mvondo Ayolo, ministre directeur du cabinet civil du président Paul Biya. Les avocats de la défense envisagent également de citer à comparaître le juge Sikati II Kamwo et l'ancien directeur de la justice militaire, Sipa Dongmo, afin de faire la lumière sur une ordonnance de remise en liberté controversée concernant deux des accusés.

Jeune Afrique révèle également que le professeur Georges Bitjoka Bell, expert en cybercriminalité et cryptologie, devrait être appelé à témoigner devant le tribunal militaire de Yaoundé. Les enquêteurs espèrent qu'il pourra apporter des éléments clés concernant les échanges entre l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et le lieutenant-colonel Justin Danwe, considéré comme le leader du commando ayant procédé à l'enlèvement de Martinez Zogo.

D'après les sources de Jeune Afrique, l'iPhone d'Amougou Belinga contient des traces de messages supprimés sur Telegram et WhatsApp, tandis que son smartphone Samsung Galaxy Z Fold 4 5G révèle des conversations WhatsApp avec Justin Danwe. L'analyse des téléphones montre également que Jean-Pierre Amougou Belinga transférait des comptes rendus du lieutenant-colonel à un numéro de téléphone enregistré sous plusieurs noms, dont "Motaze" et "Motaxe", qui pourraient faire référence à Louis-Paul Motaze, ministre des Finances, également cité comme témoin dans l'affaire.

Enfin, plusieurs autres personnes ont été ajoutées à la liste des témoins, notamment Arnaud Froger, représentant de Reporters sans frontières, à la demande de la famille Zogo, ainsi que des proches et des connaissances de Martinez Zogo et de Jean-Pierre Amougou Belinga.