Actualités of Wednesday, 5 July 2023

Source: www.bbc.com

Naufrage d'un bateau en Grèce : les survivants accusent les garde-côtes grecs d'être responsables de la tragédie

Les survivants accusent les garde-côtes grecs d'être responsables de la tragédie Les survivants accusent les garde-côtes grecs d'être responsables de la tragédie

Quatre personnes ayant survécu à la catastrophe du bateau de migrants au large des côtes grecques affirment que des garde-côtes grecs sont à l'origine du naufrage du bateau de pêche surchargé.

On estime que jusqu'à 750 personnes, originaires pour la plupart du Pakistan, de la Syrie et d'Égypte, se trouvaient à bord lorsque le bateau a chaviré le 14 juin. Il s'agit de l'une des pires catastrophes de ces dernières années en Méditerranée. Cent quatre personnes ont survécu et 82 corps ont été retrouvés.

Pour la sécurité des quatre survivants interrogés, nous ne citons pas leur nom mais nous avons vérifié leur identité auprès de plusieurs sources.

Certains des hommes qui ont parlé à la BBC par téléphone sont détenus au centre d'accueil des réfugiés de Malakasa, situé à 40 km au nord-est d'Athènes, la capitale grecque...

Aucun journaliste n'est autorisé à entrer dans le centre d'accueil, qui est entouré de fils barbelés.

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Ils ont remorqué le bateau par le côté

"Nous pensions qu'ils (les garde-côtes grecs) allaient nous secourir, mais au lieu de cela, ils ont coulé le bateau", a déclaré un survivant égyptien.

Selon lui, les garde-côtes grecs étaient en train de remorquer le bateau lorsqu'il a coulé dans l'une des parties les plus profondes de la Méditerranée, à environ 80 km de la côte grecque.

Les autorités de la Grèce ont précédemment nié ces faits, affirmant que lorsque les garde-côtes ont tenté d'attacher une corde au bateau pour monter à bord et évaluer la situation, les personnes à bord ont essayé de l'enlever.

Selon elles, les voyageurs affirmaient vouloir continuer leur chemin vers l'Italie.

"Ils ont tiré le bateau par le côté et se sont déplacés rapidement", a dit un survivant syrien.

Ses propos concordent avec ceux de l'Égyptien, qui a déclaré que les garde-côtes "nous ont tirés de force, ce qui a fait chavirer le chalutier".

Une "manœuvre risquée"

Certains survivants à qui nous avons parlé déclarent que les autorités grecques leur avaient demandé de ne pas parler aux médias de la manière dont les garde-côtes avaient tenté de "sauver le bateau". Et que s'ils parlaient aux journalistes, ils "ne devraient pas blâmer les garde-côtes".

L'un d'eux a déclaré que les autorités grecques avaient fait pression sur lui pour qu'il modifie sa version des faits. En contrepartie, il obtiendrait "une aide financière" et sa "demande de statut de réfugié serait accélérée".

Nous avons transmis les récits des survivants aux autorités grecques et leur avons demandé une réponse, mais elles nous ont répondu qu'elles ne pouvaient pas faire de commentaires, car toutes les informations dont elles disposent font partie de l'enquête officielle sur le naufrage.

Elles nous ont également renvoyé à leurs déclarations antérieures, selon lesquelles elles n'ont pas remorqué le chalutier, et que les voyageurs ont refusé leur aide.

L'organisation non gouvernementale allemande Sea-Watch affrète des bateaux pour secourir les migrants et les réfugiés en Méditerranée. Elle a déclaré qu'elle ne disposait pas encore de suffisamment d'informations pour évaluer exactement ce qui s'est passé.

"Le remorquage d'un vieux navire avec des centaines de personnes à bord, dans une mer agitée, est voué à l'échec et à la catastrophe", a dit à la BBC son responsable des opérations.

"D'après les images et les témoignages, ce n'est pas un moyen sûr de secourir les personnes à bord du bateau en détresse", a-t-il ajouté.

M. Hahn déclare que le remorquage est toujours une manœuvre risquée, mais qu'il est possible dans certaines circonstances.

Deux des survivants ont affirmé que les autorités grecques leur avaient demandé, par l'intermédiaire d'interprètes et d'avocats, de témoigner contre les neuf Égyptiens accusés de trafic d'êtres humains.

Mais les quatre survivants ont déclaré que les neuf Égyptiens étaient des passagers, assis parmi eux pendant le voyage. Ils affirment que l'équipage du bateau était masqué et passait la plupart de son temps dans la cabine.

"L'équipage a sauté à l'eau lorsque les garde-côtes se sont approchés, et certains de ces neuf Égyptiens ont essayé de naviguer sur le bateau", nous a dit l'un d'entre eux, ajoutant : "Il me semble que ce ne sont pas eux qui sont impliqués dans le trafic d'êtres humains."

Des parents d'Égyptiens qui craignent que leurs proches se trouvent à bord ont déclaré à la BBC qu'ils avaient payé 4 500 dollars (environ 2,7 millions de francs CFA) chacun pour le voyage.

Le HCR, l'agence des Nations unies chargée des réfugiés, s'est réjoui des enquêtes menées et a appelé à une "action urgente et décisive pour éviter d'autres décès en mer".

"La recherche et le sauvetage en mer sont un impératif juridique et humanitaire", a déclaré le HCR, exhortant l'Union européenne à établir des "voies d'accès sûres et régulières" en Méditerranée.

Les chiffres du HCR montrent que 80 000 personnes ont traversé la Méditerranée pour atteindre les États membres de l'Union européenne depuis le début de l'année, et qu'environ 1 200 personnes sont mortes ou portées disparues au cours de ce voyage.