Actualités of Monday, 5 September 2016

Source: cameroon-info.net

Ndongo décrypte la crise post-électorale au Gabon

Raould Dieudonné Lebogo Ndongo Raould Dieudonné Lebogo Ndongo

Le Camerounais Raould Dieudonné Lebogo Ndongo, journaliste émérite, n’est pas resté insensible face à la crise post-électorale qui a plongé depuis le mercredi 31 aout 2016 le Gabon dans un profond trouble social, au lendemain de la proclamation d’Ali Bongo comme Président réélu de la République du Gabon, au détriment du leader de l’opposition Jean Ping.
Ci-dessous, l’intégralité d’une Tribune libre de notre confrère qui estime que, l’attitude à géométrie variable de la communauté internationale vise un objectif qui n’a rien à voir avec les intérêts du peuple gabonais.

L’arrogance de l’idiot…

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux sont à nouveau alimentés par des échanges d’une rare virulence. Le sujet, c’est la crise post-électorale au Gabon.

Nous avons connu le même type d’échanges lors de la crise post-électorale en Côte-d’Ivoire. Avec, en conclusion, la déportation de Laurent Gbagbo devant la Cour Pénale Internationale. Nous avons connu le même climat avec la « crise » libyenne. Avec, au bout du compte la liquidation de Kadhafi.

Voici donc le Gabon au cœur de l’actualité planétaire. Puisque, le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies est désormais saisie du dossier. Voici que la «communauté internationale» sort de sa somnolence. Elle demande que les résultats soient publiés bureau de vote par bureau de vote afin que la transparence soit totale.

Sacrée «communauté internationale» ! Elle exige au Gabon ce qu’elle a refusé il y a six ans en Côte-d’Ivoire. Il vous souvient que Laurent Gbagbo demandait le recomptage des suffrages pour que tout le monde soit fixé sur la transparence des élections et les résultats tels que proclamés.

Comme l’Histoire sait nous rafraîchir les idées, tous ceux qui refusaient ce recomptage des bulletins de vote en Côte-d’Ivoire (ONU, Francophonie, France, Union Européenne, etc.) ont à la bouche une seule déclaration : résultats bureau de vote par bureau de vote. L’un des acteurs de la tragi-comédie ivoirienne s’appelle Jean Ping, actuel candidat déclaré vaincu à l’élection présidentielle au Gabon. Cette fois-ci, il est dans le camp des demandeurs. Sa demande – ou plutôt celle de ces maîtres – sera-t-elle examinée ?

Mais cela ne sera qu’un détail à côté de l’essentiel : l’utilisation du cirque démocratique par les maîtres du monde. Refuser de lire les événements de Côte-d’Ivoire, de Libye, de Centrafrique, du Mali, du Kenya, de Syrie, du Zimbabwé, du Cameroun, du Gabon, du Brésil ou de Turquie, c’est faire preuve de myopie au mieux, de cécité au pire.

La démocratie et le respect de ses règles sont devenus des armes par lesquelles le monde occidental entend écraser toute résistance et maintenir ainsi sa domination sur le reste de la planète terre. Ainsi, l’occident veut s’arroger le pouvoir de désigner ceux qui sont les proconsuls dans les différents territoires à lui soumis. Voilà qui explique les changements réguliers des règles du jeu, même en plein match. Voilà qui explique les changements d’alliance.
Seuls les intérêts de ce monde des dominants sont à prendre en compte. Les intérêts des autres, des dominés ? Qui sont-ils d’abord ? Ont-ils seulement droit à la parole ? Sont-ils assez matures pour prendre en mains leur destin ? Tout au plus peut-on leur concéder un os démocratique à ronger pour s’étriper entre eux. La bonne chair c’est pour le «patron» !
Les Gabonais découvrent que la vraie élection se passe ailleurs. Comme vient le leur dire avec l’arrogance de l’idiot un certain Bourgi, en mal de reconnaissance. Les Ivoiriens l’ont vécu. Les Guinéens, les Burkinabés, les Centrafricains et les Maliens aussi. Car, derrière les prétendues contestations électorales de Libreville ou de Port-Gentil, se joue la désignation de celui que l’on voudrait proconsul du Gabon.

Peu importe qui est choisi, les Gabonais ont le devoir de dire non à cette insulte à leur bon sens et à leur fierté. Le Gabon mérite mieux que ce qu’en dit un certain Bourgi. L’Afrique mérite mieux que ce que l’occident voudrait qu’elle soit : un simple pourvoyeur de matières premières.
L’avenir nous appartient. Voilà pourquoi le monde a le regard tourné vers le continent de l’avenir. Celui d’une ressource humaine de génie ; celui de ressources naturelles abondantes; celui d’un marché dont personne ne peut encore estimer véritablement le potentiel de croissance. Ce marché-là fait tant saliver…