Actualités of Monday, 16 May 2016

Source: 237online.com

Ndoudoumou et Nkili aux portes de Kondengui

Prison centrale de Yaoundé Prison centrale de Yaoundé

Les dossiers de l’ex-régulateur des marchés publics et de l’ancien Mintransports sont bouclés Tribunal criminel spécial (Tcs). Leur arrestation ne serait plus qu’une question de jours.

Ministre des Transports jusqu’au 2 octobre dernier, Robert Nkili aura passé une bonne partie de sa journée du 12 mai 2016 face aux enquêteurs du Tribunal criminel spécial (Tcs).

Toujours hanté par les soupçons de surfacturation des deux aéronefs MA-60 de fabrication chinoise pour le compte de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), celui qui se vantait d’être un intouchable du régime n’a pas, selon des sources proches du dossier, convaincu les limiers de sa bonne foi dans le cadre de cette affaire. «Il faudrait un miracle pour qu’il se tire de ce pétrin», résument les mêmes sources.

M. Nkili, on se souvient, avait officiellement déclaré que les deux avions avaient coûté la bagatelle 34 milliards Fcfa à l'État camerounais. Une version mise à mal par le constructeur chinois International Holding Corporation (Avic), qui situe la valeur des mêmes appareils à 11,2 milliards Fcfa. Pris à partie sur le sujet en juin 2014 à l'Assemblée nationale par le groupe parlementaire du Social Democratic Front (Sdf), le flegmatique «Professeur» avait laissé tomber : «Je reconnais que la République du Congo a acheté ces aéronefs moins chers que le Cameroun. Je ne maîtrise pas les contours financiers de l'opération. En tant que tutelle technique, je ne suis que l'utilisateur de ces aéronefs. Je ne suis donc pas concerné par l'aspect financier de l'achat. Posez la question à qui de droit.»

Voici donc Robert Nkili rattrapé par son passé, qui pourrait le conduire tout droit, et très rapidement, vers le pénitencier de Kondengui. Arroseur arrosé. Un autre qui a perdu le sommeil, c’est l’ex-directeur général de l'Agence de régulation des marchés publics (Armp), Jean-Jacques Ndoudoumou.

En janvier 2012, le secrétariat général de la présidence de la République lui exigeait le versement au Trésor public de 400 millions FCfa représentant des primes de recouvrement dilapidés, mais également de procéder au licenciement de 108 personnels – sur les 302 que comptait alors la maison - convaincus de détenir de faux diplômes.

L’homme était convaincu de «fautes lourdes de gestion» par une mission d'enquête de 4 mois effectuée à l'Armp par le Contrôle supérieur de l'Etat (Consupe), alors que la Commission nationale anti-corruption (Conac) lui avait adressé deux demandes de clarification pour népotisme, laxisme et pillage à grande échelle.

Le même, limogé fin octobre 2012, avait fait payer des missions fictives sur le terrain à des proches. Autre grief alors retenus contre Jean-Jacques Ndoudoumou, le fameux projet Azzamis, jamais abouti et qui consistait en la mise en place d'une banque de données à l'Armp et qui a englouti 800 millions de Fcfa.

Fin de parcours. Plus tard, un malheur ne venant jamais seul, le Conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) du Consupe avait condamné M. Ndoudoumou au remboursement de 62,6 millions FCfa, représentant le montant des primes de recouvrement indûment et personnellement perçues pour la période 2007-2010. Il était aussi mis en débet pour 62 millions FCfa. On lui reprochait notamment d’avoir procédé au paiement de primes spéciales ou avantages indus, aussi bien à lui-même qu’à des personnels, mais aussi à d’autres personnes n'ayant aucun lien avec l’Armp.

Quant au président du conseil d’administration de l’Armp, Hamadjoda Adjoudji, qui lui avait régulièrement décerné d’honorables «quitus de bonne gestion», le Consupe estima que certains actes de gestion lui étaient directement imputables, et donc «susceptibles d'être qualifiés de délits ou de crimes».

En réaction à un article du quotidien Le Messager concernant son management à problèmes, Jean-Jacques Ndoudoumou, dans son droit de réponse, droit dans ses bottes, s’était exclamé à travers un «la montagne a accouché d’une souris». Pourtant, voici une année, l’homme avait déjà failli être l’objet d’une mise sous mandat de dépôt.

En effet, convoqué au Tcs pendant une journée entière, et voyant la nuit – et donc son déferrement vers la prison – s’approcher à grands pas, n’eut alors son salut que grâce à un coup de fil d’un haut responsable de la présidence de la République. Un sursis qui pourrait expirer cette semaine…