Enlevés il y a trois mois dans la localité de Vreket dans l’arrondissement de Mayo-Moskota, les nommées Aissatou et Hadidja, accompagnées de sept enfants, ont échappé aux griffes de leurs ravisseurs, membres de la secte Boko Haram, le 17 juin 2015.
Coup de chance, au cours de leur marche «commando », ils croisent une patrouille des forces de défense et de sécurité postées dans la localité de Lawdaf, dans l’arrondissement du Mayo-Moskota.
Rencontre qui met ainsi un terme à une errance qui avait commencée de l’autre côté de la frontière, au Nigeria.
Les ex-otages sont dans un premier temps conduits à la brigade de gendarmerie de Mozogo. «Il faut rester sur ses gardes avec Boko Haram. C’est une secte qui a plus d’un tour dans son sac, et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes d’abord rassurés de la véracité des faits avant de les remettre en liberté», explique une source sécuritaire locale.
Le sous-préfet de l’arrondissement de Mayo-Moskota, joint au téléphone, a confirmé que les exotages, dont il était heureux de revoir en liberté, faisaient bel et bien partie de la population sous son autorité.
D’ailleurs, une journée après, ils ont retrouvés leurs familles. Selon des sources sécuritaires locales, les ex-otages expliquent avoir profité d’une forte pluie qui s’abattait sur le village contrôlé par Boko Haram, pour filer en douce.
Si ces ex-otages ont eu l’incroyable chance de recouvrer la liberté, ce n’est pas le cas de plusieurs autres dont personne ne peut avancer, aujourd’hui, avec exactitude, le nombre. Pour le seul arrondissement de Mayo-Moskota, les autorités locales avancent le chiffre de 300, du moins pour ce qui est des cas portés à leur attention.
Une estimation que beaucoup considèrent en deçà de la réalité. C’est d’ailleurs dans cette unité administrative que s’est déroulée, dans la seule matinée du 18 janvier 2015, l’enlévement de 80 personnes dans les villages Mabas et Maxi.
Jusqu’ici, elles n’ont pas été retrouvées. A l’échelle de la région, la question des otages est désormais lancinante. Les familles ont le sentiment d’être abandonnées par les autorités. «Nous entreprenons nous même les démarches pour retrouver les nôtres, essayer de verser des rançons par le biais d’intermédiaires quand c’est possible. Malheureusement, nous n’avons plus rien, nous sommes ruinés par les incursions de la secte et il est difficile de satisfaire leurs exigences. Nos regards sont dorénavant tournés vers le bon Dieu», explique Abdoulkarim, un éleveur refugié à Mora et dont deux enfants ont été enlevés dans les environs de Doublé il y a huit mois.