Pour être pendant si longtemps un rouage important dans l’entourage du président Paul Biya, il faut être froid et impitoyable. Ferdinand Ngoh Ngoh l’a compris il y a des lustres. Le ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République est même peut-être trop dur, comme le regrette l’auteur des révélations ci-après.
« Ferdinand Ngoh Ngoh paralyse le fonctionnement de l’État et embarrasse René Emmanuel Sadi et Alamine Ousmane Mey. C’est une autre affaire qui illustre la boulimie du pouvoir. Le désir à la limite pathologique de Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République alias l’homme à la punk de tout contrôler.
Un individu qui se voit calife à la place du calife. Conséquence : le pays est en panne et le gouvernement est presque inactif. Dernière affaire en date : la publication du journal des projets dans la presse.
En effet depuis des années, afin d’accompagner financièrement la presse, le gouvernement fait publier dans les journaux ce qu’on appelle le journal des projets qui contient l’ensemble des projets sur une année budgétaire de l’État du Cameroun, région par région.
Ces publications sont payées comme de la publicité. Il s’agit de plusieurs millions de francs CFA qui permettent à plusieurs journaux de survivre dans un contexte de crise des lecteurs. Ce d’autant plus que l’aide à la presse contrairement à d’autres pays est ridicule. Cet argent est donc vital pour la survie des journaux.
Le ministère en charge de la publication du journal des projets est le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) dirigé par Alamine Ousmane Mey. Dans sa guerre contre Alamine Ousmane Mey, Ferdinand Ngoh Ngoh a demandé à ce que le Minepat puisse se référer à lui pour tout montant supérieur à 100 millions de francs CFA.
Une instruction similaire a été faite au ministre des Finances. Imaginez le niveau de bêtise d’une telle décision qui ne peut que paralyser le fonctionnement de l’État quand on sait les sommes qui sont engagées quotidiennement dans un pays. L’une des premières conséquences de cette décision est aujourd’hui le blocage de la publication du journal des projets.
Or, par le passé, dès les premiers jours du mois de janvier, le ministère de l’Économie publiait dans des dizaines des journaux la liste complète des projets à réaliser dans le cadre du budget d’investissement public (BIP). Ceci permettait à la population et aux élus locaux de mieux s’approprier et contrôler la réalisation de ces projets. Le coût de cette publication de milliers des pages dans les journaux étant de plus de 250 millions de francs CFA.
Le dossier a été transmis à la présidence depuis fin décembre 2022. Rendu à mi-parcours budgétaire de l’exercice 2023, Ferdinand Ngoh Ngoh qui se voit en vice-dieu n’a toujours pas donné son accord pour la publication du journal des projets. Un drame pour de nombreux journaux qui, chaque année, misent sur cette cagnotte pour se refaire une santé financière.
Ainsi, un collectif des directeurs de publication a récemment saisi le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi pour dénoncer le blocage de la publication du journal des projets. Ils ont été reçus par le directeur de l’Observatoire des médias privés qui a fait un compte rendu de la situation au ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.
En date du 11 mai 2023, René Emmanuel Sadi adresse une correspondance à Alamine Ousmane Mey au sujet de "la publication du journal des projets" pour lui demander de prendre des dispositions pour la publication du journal des projets qui selon lui constitue "une bouffée d’oxygène à l’endroit des structures médiatiques déjà en proie à une situation économique particulièrement précaire".
Sauf que Alamine Ousmane Mey n’y peut rien. Le dossier est bloqué à la présidence de la République chez Ferdinand Ngoh Ngoh depuis décembre 2022. René Emmanuel Sadi le sait et fait du ponce pilatisme. Lui qui dit à qui veut l’entendre que l’homme à la punk est "un fainéant" est parfaitement informé de la situation.
Voilà donc comment les activités d’un gouvernement se retrouvent paralysées par les ambitions hégémoniques d’un seul individu. Mais que les choses soient claires : Ferdinand Ngoh Ngoh n’a réussi à créer tout ce désordre que parce qu’il a la protection d’une personne, Chantal Biya, la régente de Yaoundé ». Le journaliste Boris Bertolt n’y est pas allé de main morte.