Après la mort du Cardinal Tumi, les Camerounais s'attendaient à la nomination d'un notre compatriote par le pape François. Le Cameroun étant l'un des pays de l'Afrique centrale qui compte le plus grand nombre d'églises catholiques, les attentes des Camerounais semblent légitimes. Et pourtant le souverain pontife en a décidé autrement. Le Cameroun ne compte plus de cardinal. Le 09 juillet lors de la prière de midi avec les pèlerins touristes de la place Saint Pierre à Rome, le pape a publié liste des nouveaux cardinaux nommés. Les nouveaux lieutenants du pape sont recrutés pour la majorité en Afrique et en Asie. (les États-Unis, l'Italie, l'Argentine, la Suisse, l'Afrique du Sud, l'Espagne, la Colombie, le Soudan du Sud, Hong Kong, la Pologne, la Malaisie, la Tanzanie et le Portugal).
Cardinal camerounais
Christian Wiyghan Tumi, né le 15 octobre 1930 à Kikaikelaki (Kumbo) au Cameroun et mort le 3 avril 2021 à Douala, est un cardinal camerounais. Il est successivement évêque de Yagoua (1979-1982), archevêque coadjuteur puis archevêque de Garoua (1982-1991) et archevêque de Douala (1991-2009).
Après avoir commencé sa formation pour le sacerdoce à Enugu au Nigéria, il demande à son évêque à retourner au Cameroun à cause des affres de la guerre civile du Biafra qui sévit en 1960. Ordonné prêtre le 17 avril 1966 à Soppo pour le compte du diocèse de Buéa, « Pray for Cameroon » sera sa devise d’ordination là où tous les prêtres ont pris l’habitude de choisir un verset biblique pour devise. Aidé par Mgr Albert Ndogmo, il est reçu à l’Institut Catholique de Lyon en France pour des études de philosophie et de théologie. Il valide une maîtrise dans chacune de ces disciplines et s’envole à l’Université de Fribourg en Suisse d’où il reviendra nanti d’un doctorat en philosophie, option métaphysique. Entre temps, il fera une spécialisation en Sciences de l’éducation à Londres. Etudes qu’il avait débutées au Nigeria après son ordination.
Revenu au Cameroun en 1973, les évêques Paul Verdzekov de Bamenda et Pius Awa de Buéa le nomment recteur-fondateur du Grand Séminaire Saint Thomas d’Aquin de Bambui. Il y restera jusqu’au 6 décembre 1979 quand il est nommé évêque de Yagoua. A la fête de l’Epiphanie, le 6 janvier 1980, le prêtre de Bamenda, Christian Tumi, est ordonné évêque de Yagoua par le Pape Jean Paul II en compagnie du Cardinal Carlo Maria Martini archevêque de Milan et Mgr Copa un haut diplomate de l’Eglise qui deviendra aussi cardinal sous Benoit Xvi.
Tumi dirige l’église particulière de Douala pendant dix-huit années et est admis à la retraite le 17 novembre 2009. Il participe au conclave de 2005 pour l’élection du pape Benoit XVI. En 2013, il a plus de 80 ans et ne participe pas à l’élection du pape François pour limite d’âge.
Au sein de la Curie Romaine, il a été membre des Congrégations pour l’évangélisation des peuples, pour l’éducation catholique, pour le culte divin et la discipline des sacrements. Membre du conseil pontifical « Cor unum » pour la promotion humaine et chrétienne et membre du Conseil pontifical pour la famille. Il a représenté le Pape Jean Paul II au Congrès Eucharistique tenu à Kumassi au Ghana en janvier-février 1999. Il est président de la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun de 1985 à 1991. C’est au cours de son mandat que les Evêques du Cameroun publient la Lettre Pastorale sur la Corruption qui gangrène le pays.
Le Cardinal Christian Tumi a été un homme qui inspire. Un grand Bâtisseur. Un visionnaire. Un évêque moderne malgré son âge. Un homme de foi courageux. Un pasteur proche de ses fidèles qui accueillait tout le monde : les pauvres comme les riches, les puissants comme les faibles. Il était craint par une bonne partie des gouvernements du pays à cause de son sens aigu de la vérité. Certains ont vu en lui un « évêque rebelle ».
Le 9 septembre 2008, le cardinal Tumi reçoit le prix Cardinal von Galen, décerné par l'ONG Human Life International (en) « en reconnaissance de près d'un demi-siècle de pastorale de ce Prélat en faveur de la famille, des laissés pour compte, de l'avènement et du respect du jeu démocratique au Cameroun ». Le 15 novembre 2011, il reçoit le Prix de l'intégrité 2011 décerné par Transparency International. Il meurt le 3 avril 2021 à Douala.