Benoît W. Emvoutou Mbida est allé interrompre les travaux de construction de la résidence de fonction d'un nouveau vétérinaire.
Dans la guerre froide qu’observent les camps en conflit dans le litige foncier de l’annexe du ranch d’El Hadj Baba Danpullo, dans le village Esu, arrondissement de Fungom, dans le Nord Ouest anglophone, la température est montée en fin de semaine dernière, suite à une intervention de l’autorité administrative de la Menchum. « Le préfet est allé de ses propres mains détruire les travaux d’une maison en cours de construction dans le ranch », a confirmé un responsable de la vaste propriété.
En effet, Benoît William Emvoutou Mbita s’est rendu personnellement dans la propriété querellée le jeudi 6 octobre 2016 et a détruit « de ses propres mains » les installations faites par les maçons. Le 29 septembre, il avait sommé les employés du milliardaire de Ndawara d’arrêter les travaux, sans être obéi. Au contraire, le contre-maître lui avait écrit pour dire qu’il s’agissait de construire la maison devant abriter le nouveau vétérinaire, affecté et sans logement.
Il s’était prévalu de ce que les travaux de fondation se faisaient « dans » le ranch et sur un espace où ils ont l’habitude d’opérer. Une explication que l’autorité a certainement assimilé à la défiance et a réagi. L’homme d’affaires Baba Danpullo y pratique l’élevage depuis 1984, avec l’assentiment du chef d’alors, Fon Buh II Joseph Meh. Mais ses droits de propriété sont contestés par les ressortissants d’Esu qui crient à la spoliation. Depuis novembre 2015, des attaques sont perpétrées contre la centaine d’employés et leurs troupeaux ; des maisons inachevées sont installées à l’intérieur de l’espace querellé. «Tous les bas-fonds ont déjà été envahis par ces gens, qui y pratiquent les cultures maraîchères », expliquait M. Sale, contre-maître du ranch.
Sur un cheptel de 10.000 boeufs, 45 avaient été empoisonnés, à cette date. Des coups de vol et le sabotage sont courants. En attendant que la justice tranche, la population est intransigeante. « Nous n’irons plus au tribunal. Nous ne connaissons plus le sous-préfet. La loi maintenant c’est nous », entend-t-on régulièrement à Esu, où le chef, Fon Kamzu Albert Chi a conditionné les populations pour la reconquête des terres. Les autorités administratives snobent la presse.
Décembre 2015, Ahmadou Danpullo avait adressé une requête au Ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, avec copie au Premier Ministre et au Président de la République, dans laquelle il dénonçait le parti pris des autorités locales dans le combat qu’il mène pour la libération de son ranch.