Les membres du Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques de la Diaspora Camerounaise (CODE) et d’autres opposants au régime de Paul Biya se sont mobilisés pour perturber le séjour du Président de la République du Cameroun à New York aux États-Unis.
Paul Biya y a été du 18 au 25 septembre 2016 à la faveur de la 71e session de l’Assemblée Générale de l’ONU. Devant l’hôtel où logeait le Chef de l’État camerounais, et devant le siège des Nations Unies, les opposants ont manifesté pour protester contre «la confiscation du pouvoir et la mauvaise gestion du Cameroun par le successeur d’Ahmadou Ahidjo».
Interrogé par Cameroon-Info.Net, Napi Tagnidoung, président de la branche américaine du CODE, est revenu sur le bilan de leurs actions.
Vous avez mobilisé les Camerounais de la diaspora, précisément ceux des États-Unis pour des manifestations contre Paul Biya, qui séjournait à New York City à la faveur de la 71e session de l'Assemblée Générale de l’ONU. Quels étaient les objectifs de ces mobilisations ?
C'était pour un double objectif que nous avons manifesté. Dans un premier temps, nous voulions informer l'opinion internationale sur les bavures récurrentes et la mal gérance quotidienne du Gouvernement camerounais. Dans un second temps, il était question d’embarrasser un Président indiffèrent, qui nous marginalise. Sa longévité inutile au palais d’Etoudi, son bilan mitigé et le fait qu’il soit coupé des réalités contemporaines du bas peuple sont d’autres griefs qui ont suscité des manifestations anti Biya.
Est-ce que ce but a été atteint ?
Oui, nos objectifs ont été atteints à 100%. La preuve est que le Gouvernement nous a attaqués avec des mercenaires vandales. L’un d’eux a été neutralisé par la police de New York City. Malgré cette tentative d’intimidation, nous avons réussi à prouver aux yeux du monde que Paul Biya est un pouvoiriste qui veut mourir au Palais de l’Unité à Etoudi. Tellement qu’il est obnubilé par le pouvoir qu’il ne pense même plus à une transition pacifique. Car, il a nommé comme successeur constitutionnel son ami d’enfance Marcel Niat Njifenji lui aussi octogénaire.
Ce n'est pas la première fois que vous manifestez pour dire à Paul Biya que plus de 30 ans au pouvoir c'est trop. Beaucoup font le constat que le pays est mal géré. Vous exigez le départ de Paul Biya, mais il est toujours là. Comment expliquer cette inefficacité de l'opposition camerounaise ?
Oui, Paul Biya y restera jusqu'à sa mort tant que l'opposition camerounaise sera toujours complaisante. Tant qu'elle ne pourra pas comprendre l'importance et l'urgence d'engager les actions unitaires. Certains leaders de l’opposition et de la diaspora se sont infligé des coups irréversibles, voire irréparables. Ils sont incapables de s'élever au niveau des actions communes. Ce comportement rend l'opposition très inefficace et vulnérable. Bref, le malaise est profond. Malheureusement, pour la République et le peuple. Donc, c'est une grosse difficulté. Affronter Biya en rang dispersé est un obstacle majeur. Toutefois il y a des signes d'espoir avec une nouvelle jeunesse plus dynamique. Avec des masses critiques, on pourra changer la manière de gérer notre cher pays le Cameroun.
Justement, à votre avis, il y a quoi à faire exactement pour imposer l’alternance politique au sommet de l’État ?
Il faut d’abord parvenir à réconcilier les opposants; unir les patriotes de tous les bords y compris du RDPC; remercier tous les vieux qui empêchent le fonctionnement de l'État; corriger ou modifier les mauvaises lois afin d'imposer un nouvel ordre de vie. Donc, l'alternance dépendra de la volonté de la majorité agissante et patriotique. Sinon, rien ne sera possible avec des Camerounais apprentis sorciers, des oiseaux de mauvais augure, des compatriotes résignés.
Un dernier mot ?
L'alternance au Cameroun est un impératif pour la paix, la stabilité, la République et la prospérité de tous les Camerounais. Après plus de 54 ans de hautes fonctions avec 35 ans de services à la Présidence (âge requis pour être éligible), je pense sincèrement que Paul Biya mérite une sortie sans provocation ni négociation. Il aura aussi la possibilité de vivre sa retraite dans son pays, au lieu de vivre tel un réfugié à Etoudi. S'il n'a rien fait de mal, pourquoi devrait-il avoir peur de quitter la Présidence à son âge (83 ans) ?