Des problèmes avec les populations riveraines de ses plantations, des revendications d'employés de sociétés en sous-traitance, un désaccord entre les membres du conseil d'administration et certains actionnaires...
Le moins que l'on puisse, c'est que la crise est réelle dans cette entreprise agro-industrielle. Le staff dirigeant se refuse à considérer la situation comme cela. Magistrat de formation, Michel Deumaga Noulowe a démissionné pour être avocat. De conseiller juridique de la Socapalm, il est aujourd'hui président du conseil d'administration de la même structure.
La cinquantaine consommée, le verbe lourd, la voix tremblante, cet ancien conseiller juridique de plusieurs multinationales a décidé après plusieurs tractations avec Le Point de parler de la Société camerounaise des Palmeraies, à l'heure où cette structure est confrontée aux multiples combats des lobbies. Entretien réalisé à Douala.
Le Point Afrique : Où en est la Socapalm aujourd'hui ?
Michel Deumaga Noulowe : La Socapalm est l'une des sociétés les plus anciennes du paysage économique camerounais. Jusqu'en juin 2000, elle était une société publique dont le capital était totalement détenu par l'État du Cameroun. Aujourd'hui, la Socapalm appartient au Groupe Socfin, basé en Belgique.
D'après les statistiques au 31 décembre 2014, la Socapalm compte 2 184 collaborateurs directs, dont 1 808 hommes et 376 femmes, soit respectivement 83 % et 17 % de l'effectif total. La Socapalm emploie également 2 200 intérimaires. Au total, nous arrivons à 4 300 employés directs au niveau de la Socapalm.
Il faut y ajouter des emplois générés par des contrats de sous-traitance et par des prestataires affectés à certaines fonctions. Résultat : la Socapalm est un pourvoyeur important d'emplois pour le Cameroun.
En termes de production, où en est-elle ?
Malgré un contexte économique difficile, la Socapalm a clôturé l'année 2014 avec un chiffre d'affaires en progression de 9 %. C'est-à-dire une production record ! En 2015, ça sera aussi une production record.
Les investissements agronomiques, industriels et sociaux se montent à 5 414 millions de F CFA en 2014. Cette politique d'investissement soutenue a permis à la Socapalm de disposer au 31 décembre 2014 de 37 001 hectares de plantations : 35 037 hectares de palmiers à huile et 1 964 hectares d'hévéa sur une concession globale de 56 000 hectares.
En 2014, la production de l'huile de palme brute par la Socapalm est de 91 505 tonnes, soit une augmentation de 9 % par rapport à 2013. Une belle progression pour le Cameroun qui accuse toujours un déficit de plus de 50 % par rapport à ses besoins nationaux. Alors que nos confrères ont du mal à vendre leur production, nous arrivons à vendre la totalité de notre production, même si le stock de la Socapalm est relativement important.
Au niveau de la production du caoutchouc naturel : l'hévéaculture représente une production d'énergie verte pure. En 2014, la production de caoutchouc s'élève à 519 tonnes, soit une augmentation de 33 % par rapport à l'année précédente.
La diversification amorcée vers l'hévéaculture depuis quelques années voit sa productivité augmenter significativement au fur et à mesure des mois, du fait de la mise en rapport des parcelles atteignant la maturité nécessaire et adéquate, et ce, depuis 2011.