Le 23 avril 1995, le père Engelbert Mveng, un jésuite camerounais défenseur des arts nègres et critique du régime de Paul Biya, était sauvagement assassiné chez lui. Près de trois décennies plus tard, les assassins courent toujours, révèle Jeune Afrique dans un article récent. Ce statu quo est révélateur du rôle du politique dans cette tragédie, selon Jean-Claude Djereke, qui invite les religieux camerounais et africains à réclamer justice.


Le père Engelbert Mveng était un monument pour l'Afrique, selon Jean-Claude Djereke. Historien, théologien et anthropologue, il a participé à de nombreux événements culturels panafricains, tels que le premier Festival mondial des arts nègres à Dakar en 1966 et le festival culturel panafricain d'Alger en 1969. Il a également publié une imposante Histoire du Cameroun et était un excellent peintre et artiste.

Mveng était un fervent défenseur de l'Afrique et de sa culture, et a forgé le concept de « pauvreté anthropologique », qui, selon lui, « s'enracine dans la tragédie de la traite négrière et la colonisation ». Il a également lutté contre la pensée unique et n'a pas hésité à critiquer les abus et dérives du régime de Paul Biya.


Le meurtre du père Engelbert Mveng n'a toujours pas été élucidé, et ce statu quo est révélateur du rôle du politique dans cette tragédie, selon Jean-Claude Djereke. Le régime de Paul Biya, sous lequel plusieurs évêques, prêtres et religieuses ont tragiquement perdu la vie, est soupçonné d'être impliqué dans la mort du premier jésuite camerounais.

Cependant, ce qui est incompréhensible, c'est que la Compagnie de Jésus n'ait pas mis tous les moyens en œuvre pour que justice soit rendue à Engelbert Mveng, alors qu'elle avait agi avec détermination pour que soient arrêtées et condamnées les personnes responsables de la mort de six jésuites salvadoriens en 1989.


Jean-Claude Djereke appelle les religieux camerounais et africains à réclamer justice pour le père Engelbert Mveng. Selon lui, « il est temps que les religieux camerounais et africains sortent de leur silence et réclament justice pour le père Engelbert Mveng et pour tous les autres religieux qui ont perdu la vie dans des circonstances similaires ».

En conclusion, le meurtre du père Engelbert Mveng est un crime toujours non élucidé presque trente ans après, révélateur du rôle du politique dans cette tragédie. Il est temps que justice soit rendue à ce défenseur des arts nègres et critique du régime de Paul Biya, et que les religieux camerounais et africains se mobilisent pour réclamer justice.