La Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) est-elle devenue une institution culturelle, politique ou spirituelle ? C’est la question que tout Camerounais raisonnable se pose après avoir lu ce communiqué signé par son président, Samuel Eto’o. Ce dernier annonce, en toute décontraction, qu’il conduira une délégation à la Chefferie Supérieure Bazou pour « apporter son réconfort ». Mais franchement, quel est le lien entre le football et un festival traditionnel ? Depuis quand une fédération sportive, censée promouvoir et développer le football, s’immisce dans des affaires coutumières ?
Une déviation des responsabilités
En 2021, lorsque Samuel Eto’o a été élu à la présidence de la FECAFOOT, les promesses étaient ambitieuses : professionnalisation du football camerounais, restructuration des championnats, amélioration des infrastructures sportives, rémunération équitable des arbitres, et surtout, le paiement régulier des primes des joueurs et des clubs champions. Trois ans plus tard, où en sommes-nous ?
Les arbitres ? Toujours impayés, malgré leur rôle central dans le fonctionnement du football. Certains d’entre eux sont obligés d’utiliser leur propre argent pour officier lors des matchs.
Les primes des champions ? Une promesse non tenue ! Les clubs attendent désespérément leur dû pendant que leurs joueurs vivent dans une précarité dégradante.
Les stades et les infrastructures ? De nombreux terrains restent délabrés, et des compétitions se déroulent dans des conditions indignes d’un pays qui se targue d’être une nation de football.
La base du football camerounais ? Totalement négligée, alors qu’elle devrait être la priorité pour redynamiser les talents locaux et redonner vie aux championnats.
Pendant que tout cela se passe, la FECAFOOT trouve le moyen de dépenser de l’argent dans des activités totalement inutiles comme une visite à une chefferie. Combien coûtera cette visite ? Qui finance cette extravagance ?
Un gaspillage inacceptable
Cette visite annoncée dans ce communiqué pose une question fondamentale : d’où vient l’argent pour un tel déplacement ? Existe-t-il une ligne budgétaire dans le programme financier de la FECAFOOT destinée aux festivals ou aux cérémonies traditionnelles ? Si oui, pourquoi cette ligne existe-t-elle alors que les besoins du football camerounais restent colossaux et stratosphériques?
Ce gaspillage est une insulte à tous les acteurs du football qui se battent chaque jour pour la survie de ce sport. Comment expliquer qu’une fédération qui prétend manquer de moyens pour payer les arbitres ou soutenir les clubs trouve soudainement des ressources pour financer une délégation vers une chefferie ?
Des priorités mal définies
Au lieu de consacrer son énergie et ses ressources à la restructuration du football camerounais, la FECAFOOT se disperse dans des actions futiles. C’est une trahison envers tous ceux qui avaient cru aux promesses de Samuel Eto’o. Comment justifier cet écart entre les engagements pris et la réalité sur le terrain ?
Le football camerounais traverse une crise profonde, marquée par le manque de transparence, les querelles internes et la mauvaise gestion. Ce mandat de Samuel Eto’o, qui semblait prometteur, est en train de devenir une grande déception. Il risque même d’être son dernier à la tête de cette institution.
Un mandat en péril
Samuel Eto’o doit se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard. Le football camerounais mérite mieux qu’une présidence qui détourne l’attention des vrais enjeux pour s’engager dans des actions superficielles. Chaque franc dépensé pour des visites inutiles est un franc de moins pour les arbitres, les clubs et les jeunes talents qui rêvent de porter haut les couleurs du Cameroun.
Le temps des excuses est révolu. Le football camerounais doit revenir à ses priorités fondamentales : professionnaliser les structures, payer les acteurs du football à temps, investir dans les infrastructures et développer les talents locaux. Tout le reste n’est qu’un gaspillage et une fuite de responsabilités.
Il est grand temps que la FECAFOOT cesse de jouer à autre chose que son rôle. Elle doit prouver qu’elle est là pour le football, pas pour des cérémonies sans lien avec sa mission. Les Camerounais attendent des résultats, pas des déplacements inutiles et coûteux. À quand un retour à la raison ?
[Blaise ETONGTEK | Rédacteur CFOOT]