Les procédures s’enchaînent mais les accusent sont les même. Alors qu’on s’attendait ce 23 mars à Yaoundé, au tribunal militaire, à la production de la liste des témoins de l’accusation à l’occasion de la deuxième audience du procès contre Mancho Bibixi, Fontem Aforteka’a Neba et Nkongho Agbor Balla, présentés comme les trois meneurs des violences en zone anglophone, c’est plutôt une nouvelle procédure que le ministère public a enclenché.
Une nouvelle procédure, incluant cette fois-ci 25 autres personnes arrêtées dans le cadre des manifestations violentes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Lorsque l’audience commence à 11h, le commissaire du gouvernement, Nzie Pierrot Narcisse demande immédiatement au président du tribunal militaire, Abega Mbezoa, épouse Eko Eko, de « faire la jonction entre la première procédure contre Mancho Bibixi, Fontem Aforteka’a Neba et Nkongho Agbor Balla et la nouvelle procédure ».
Selon les explications du commissaire du gouvernement, « il se trouve que les trois accusés sont aussi poursuivis dans la seconde procédure enrôlée le 13 février 2017. La première procédure, elle, avait été enrôlée le 20 janvier 2017. La seul nouveauté dans la deuxième procédure est l’accusation sur le financement d’actes de terrorisme ».
En réponse, les avocats de la défense ont posé une objection à la demande de jonction des deux procédures. Pour Me Maurice Kamto, l’un des avocats, « c’est une diversion du ministère public ». Dans la même veine, Me Ngnié Kamga, il ne saurait y avoir jonction parce que les procédures sont différentes dans l’espace et dans le temps. Pour Me Charles Tchoungang, c’est une ruse pour le ministère public qui semble ne pas avoir de témoins.
Voilà pourquoi, elle veut faire traîner le procès en longueur. A la fin des fins des plaidoiries, le président du tribunal militaire a déclaré que la cour va délibérer sur la jonction ou non des procédures à la date du 7 avril 2017. La reprise des audiences, elle, a été fixée au 27 avril 2017. Il faut noter que depuis le début des audiences les 13 février, John Fru Ndi, le président du Social Democratic Front (SDF), leader de l’opposition, est venu pour la première fois témoigner sa sollicitude aux prévenus.
Vêtu d’une gandoura de couleur marron, est arrivé dans l’enceinte du tribunal militaire à 13h 49 dans une grosse cylindrée de couleur bleu nuit. A son arrivée, il a été accueilli sur le perron du tribunal par l’ex-bâtonnier Bernard Muna. « Nous sommes en train d’étudier la requête du ministère public qui veut une jonction des procédures », a expliqué Me Muna à John Fru Ndi. Ce dernier est resté sur site pendant une dizaine de minutes, avant de prendre congé du tribunal. Kah Wallah, du Cameroon People Party (CPP) est aussi venue faire montre de sa sollicitude.
Pour rappel, dans le cadre de la première affaire dont la première audience a été appelée le 13 février, le ministère public a retenu les chefs d’accusation de coaction d’acte de terrorisme, hostilité contre la patrie, sécession, révolution, insurrection, outrage à corps constitués et aux fonctionnaires, rébellion en groupe, défaut de carte nationale d’identité pour Mancho ; complicité d’actes de terrorisme, d’hostilité contre la patrie, de sécession, d’insurrection, d’outrages aux corps constitués et rébellion en groupe, excitation à la guerre civile, révolution pour Fontem et Nkongo’o et propagation de fausses nouvelles pour les trois accusés.