Samedi 14 février 1998, une catastrophe s’est produite à Nsam. A l’origine, une collision entre deux wagons citernes, transportant de l'essence de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Sdpc). Le Messager s’en souvient.
14 février 1998. Un wagon citerne contenant du carburant d’une contenance de quelque 100.000 litres se reverse au lieu-dit dépôt Scdp au quartier Nsam Efoulan en plein cœur de Yaoundé. Les riverains accourent pour puiser l’essence à l’aide des bidons et autres récipients. Mal leur en prendra puisque un violent incendie va se déclarer.
Le feu qui surgit fait plus de 200 victimes carbonisées selon les chiffres officiels. A l’époque des faits, Paul Biya rompt le silence et instruit dans l’urgence la mise sur pied d’une commission pour établir toutes les responsabilités dans ce crime ( ?) de plus du Renouveau. Pareillement, il a été décidé de la sécurisation de la zone en expulsant les riverains. Au final, deux commissions d’enquête prescrites par le chef de l’Etat voient le jour. 19 ans après la tragédie, les responsabilités tardent à être établies.
Dans une tribune, l’ex-directeur général de la Société camerounaise de dépôts de produits pétroliers, Jean-Baptiste Nguini Effa incarcéré pour détournements de deniers publics affirme que la responsabilité des autorités administratives et des forces de maintien de l’ordre du Mfoundi « se trouve être engagée compte tenu des appels téléphoniques du chef de dépôt feu Ella Jacques-Simon de 9 h 30 mn à 13 h 30 mn en ce triste jour du 14 février 1998, appels visant à établir immédiatement un périmètre de sécurité afin de tenir éloignées les populations. ».
Selon l’ex-Dg, « la disparition des listings téléphoniques desdits appels du Service Public des Postes et Télécommunications est révélatrice à plus d’un titres. » L’ex-Dg n’épargne pas la Scdp, la Régifercam et Cat/Cn (propriétaire des wagons citernes en cause ndlr), des entreprises dont la responsabilité pourrait être engagée pour « le non-respect éventuel des procédures en matière d’entretien du matériel roulant, de traction de wagons, de système de freinage et d’immobilisation, l’information des populations quant aux dangers encourus par la manipulation hasardeuse des produits pétroliers. »
Entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Dans son dernier rapport, la commission nationale anti-corruption est revenue, entre autres, sur la gestion des indemnisations des victimes de cet incendie de Nsam Efoulan de février 1998. Pour constater que plus de 14 milliards FCFA ont été détournés lors du processus d’indemnisation des victimes de ladite catastrophe. Quelle suite ? Mystère et boule de gomme.