Dans une correspondance adressée au président de la République, les populations autochtones dénoncent la suspension de toute transaction foncière sur le lotissement Maetur par la ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières. Qui n’hésite pas à violer cette mesure conservatoire en validant des transactions menées par des hautes personnalités.
Les populations autochtones de Ntougou-Golf, lotissement très prisé par les grosses légumes de la République situé à un jet de pierre du Palais de l’Unité, et où le mètre carré de terrain se négocie parfois jusqu’à 450.000 FCFA, ne sont manifestement pas prêtes d’arriver au bout de leur chemin de croix.
Quatre ans après leur mémorandum ayant pour objet : « Accaparement, appropriation illicite et détournement des terres des populations autochtones de Ntougou et de l’Etat dans le lotissement Ntougou-quartier Golf par vos proches collaborateurs », elles viennent à nouveau de saisir le président de la République.
Dans une correspondance datée du 2 août 2017, elles dénoncent « affairisme, mafia et corruption de madame le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires (Mindcaf) dans le litige foncier de Ntougou-Golf ». Elles rappellent que faisant suite à leur correspondance du 13 septembre 2013, Paul Biya avait ordonné une enquête administrative et judiciaire. Depuis lors, écrivent-elles, « l’espoir des populations autochtones de Ntougou de retrouver leurs terres a fondu littéralement pour céder la place à une grosse désillusion ».
Car, s’émeuvent les familles, « en plus de ce que nous sommes sevrées de la moindre information liée à l’évolution dudit dossier, le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), par abus de pouvoir à notre encontre, procède à des actes de mafia, d’affairisme, exacerbant le sentiment général d’une injustice de votre gouvernement contre les pauvres populations que nous sommes ».
En fait, les populations dénoncent les incohérences de la démarche du Mindcaf. Le 10 août 2015, Jacqueline Koung à Bessikè fait savoir à tous les responsables départementaux de son département ministériel du Mfoundi que « les transactions sur les terrains du lotissement Maetur ‘’Golf-Ntougou’’ sont suspendues jusqu’à l’aboutissement des enquêtes administratives et judiciaires engagées à cet effet ».
Mais curieusement, les populations découvrent qu’elles sont seules à subir les effets de la mesure du Mindcaf, qui les prive de « la liberté de mener les transactions sur nos propriétés, y compris des parcelles ne relevant pas du lotissement Maetur.
« Il se trouve que Mme Koung à Bessikè a subrepticement autorisé au profit de certains barons, et ce à plusieurs reprises, des transactions sur des propriétés issues du portefeuille des terres du lotissement Maetur et par conséquent objet des enquêtes en cours », s’indigne Jean Claude Essomba, le porte-parole des populations autochtones de Ntougou.
Pour étayer leurs accusations, les populations brandissent une correspondance du 14 décembre 2016 à travers laquelle le Mindcaf viole sa propre mesure conservatoire. Ce jour-là, Jacqueline Koung à Bessikè saisit le conservateur foncier du Mfoundi à travers le délégué départemental du Mindcaf du Mfoundi au sujet du « visa de l’acte portant vente d’un immeuble urbain non bâti par Mme Marie Paule Okome Ntoma au profit de M. Maxime Fosso Ngouchinghe ».
Elle précise : « J’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint, pour suite de la procédure, copie de l’acte que j’ai visé à la demande de Maître Jacques Aurelien Kwa Mbette, autorisant la vente d’un immeuble de 1000 m2 ».
En dehors de ce cas, croient savoir les populations, depuis que le président a prescrit l’enquête administrative et judiciaire, plusieurs anciens ministres ont pu vendre leurs parcelles. Sollicitée, Jacqueline Koung à Bessikè n’a pas souhaité réagir.