Actualités of Friday, 17 May 2024

Source: www.camerounweb.com

Nuit des longs couteaux à Etoudi : le dernier virage de la guerre des clans révélé par un grand journal

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Selon une exclusivité de Jeune Afrique, une bataille de géants est en cours autour du président camerounais Paul Biya. Le ministre de la Justice, Laurent Esso, a récemment critiqué ouvertement le système des « hautes instructions » transmises par le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh. Cette critique a ravivé les tensions entre les deux hommes et a mis en lumière la lutte pour la succession de Biya.

Dans un éditorial publié dans le magazine professionnel Justitia en janvier dernier, Laurent Esso a remis en question l'autorité de Ngoh Ngoh en matière de transmission des instructions présidentielles. « Le personnel judiciaire et pénitentiaire est tiraillé au quotidien dans l’exercice de ses fonctions […] par les hautes instructions […] Son Excellence Paul Biya ne peut lui donner des instructions… fussent-elles de hautes… fussent-elles de vraies ! », a-t-il écrit.

Cette prise de position a été largement relayée sur les réseaux sociaux camerounais et a été interprétée comme une attaque contre Ngoh Ngoh, qui est considéré comme l'un des hommes forts du régime de Biya. Les détracteurs de Ngoh Ngoh affirment que les « hautes instructions » qu'il transmet servent en réalité à usurper la fonction présidentielle.

Laurent Esso a également exhorté les magistrats à « travailler ensemble » et à résister aux instructions émanant des plus hautes autorités, dont Ngoh Ngoh fait partie. « La justice est, comme vous le savez, l’un des piliers de l’État de droit. Il est donc impératif qu’elle agisse en toute impartialité et qu’elle demeure à l’abri de toute forme d’interférence », a-t-il déclaré.

Cette bataille entre Esso et Ngoh Ngoh intervient dans un contexte de lutte pour la succession de Biya, qui est âgé de 88 ans et au pouvoir depuis 1982. Les deux hommes sont en désaccord sur plusieurs dossiers politico-judiciaires, tels que la gestion des fonds liés au Covid-19 ou à la Coupe d’Afrique des nations (CAN).

Récemment, Ngoh Ngoh a été accusé d'usurpation du pouvoir présidentiel en raison d'une délégation permanente de signature du chef de l’État dont il bénéficie depuis un décret du 5 février 2019. En mai 2023, Laurent Esso a pris une décision radicale en donnant des directives à son entourage afin que celui-ci ne tienne plus compte des instructions de Ngoh Ngoh.

Enfin, Jeune Afrique rapporte que le député Jean-Michel Nintcheu, fondateur du Front pour le changement au Cameroun (FCC) et allié politique de Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, a déposé plainte contre Ngoh Ngoh pour « usurpation de fonction ». Une audience est prévue le 23 mai prochain.

Dans l'ensemble, cette exclusivité de Jeune Afrique révèle les tensions et les luttes de pouvoir qui ont lieu au sein du gouvernement camerounais, en particulier autour de la question de la succession de Biya. La bataille entre Esso et Ngoh Ngoh est un exemple de ces tensions et soulève des questions importantes sur l'autorité et la légitimité des plus hautes autorités du pays.