Les enseignants ont reconduit avec succès le mouvement d’école morte cette semaine toujours sous l’impulsion du Mouvement On a Trop Supporté. Dans une tribune relayée sur la page de Boris Bertolt, un enseignant démonte totalement la mauvaise foi du gouvernement de Paul Biya
“Au moment où les enseignants entament la deuxième phase de leur grève, il est important de prendre l'opinion publique à témoin de la mauvaise foi que ne cesse de faire preuve notre gouvernement.
Il est vrai que certains défenseurs du régime tentent à vouloir faire croire à l'opinion que la quasi-totalité des problèmes des enseignants sont désormais résolus ; et pourtant, rien, mais alors rien de concret n'est fait. Je m'explique :
1. Sur la question des compléments de salaires
Toujours dans sa logique de clochardisation des enseignants, le gouvernement ne payait jusqu'ici aux enseignants nouvellement déployés sur le terrain que les 2/3 de leur salaire ; et ceci, pendant de longues années.
Face à cette injustice criarde, le collectif OTS exige donc que ce système soit totalement supprimé, afin de permettre aux jeunes enseignants de percevoir dès leur premier bon, la totalité de leur salaire.
En réponse, le gouvernement a tout juste procédé au paiement des compléments des salaires à ceux qui étaient sur ce système 2/3, tout en maintenant ce système pour les promotions futures.
Plus grave, au lieu de leur payer immédiatement les rappels induits par cette injustice, le MINFI se propose d'étaler le paiement desdits rappels sur une période de presque 02 ans !
Ainsi, un jeune enseignant sorti de l'école en 2019 et dont le salaire a été complété ce mois de mars 2022, devra attendre au moins jusqu'en juin 2023 pour percevoir le rappel de cet élément. Et entre-temps, les nouvelles promotions continueront de s'entasser et on se retrouvera dans les prochaines années confronté aux mêmes problèmes.
Pourtant, un gouvernement sérieux aurait tout d'abord supprimer purement et simplement ce système de 2/3; tout en épongeant dans un délai raisonnable les rappels dûs aux bénéficiaires.
2. Parlant des avancements...
Un avancement est ce petit supplément qu'on ajoute au salaire de chaque agent de l'État après chaque 02 années de service effectif.
Dans la plupart des autres corps de métier au Cameroun, ces avancements sont automatiques ; ainsi, après chaque 02 ans, le fonctionnaire note une hausse de son salaire, sans avoir à monter un quelconque dossier.
Chez les enseignants c'est un véritable serpent de mer; des dizaines de milliers d'enseignants n'ont jamais connu le moindre avancement.
Comment concevez-vous qu'un enseignant après 20 ans de service continu de percevoir le même salaire que celui perçu au premier mois de son recrutement à la fonction publique quand il était encore célibataire, sans enfants, sans charge...?
Ce cumul des avancements a causé pour le Minesec une dette de pas moins de 150 milliards de francs CFA envers les enseignants. Et, toujours dans sa ruse, le gouvernement s'emploie à introduire l'élément dans les salaires du mois de juin, tout en bloquant les rappels y afférents ; ce qui occasionnerant une autre niche de corruption.
Plus grave encore, les services compétents nous annoncent qu'il est impossible en l'état des choses de rendre le paiement des avancements automatiques comme le réclame OTS.
On comprend donc que l'État ne veut absolument pas résoudre le problème de façon définitive.
3. Concernant les réformes...
À ce niveau, le gouvernement continue de faire la sourde oreille.
Pourtant les revendications de OTS sont claires à ce niveau : la tenue du forum national de l'éducation et surtout la correction et l'application du statut particulier des enseignants.
Fort de ce qui précède, les enseignants doivent donc comprendre que le gouvernement entend juste jouer sur le temps, afin que l'année scolaire se termine dans de bonnes conditions.
Il devient alors plus que urgent pour nos collègues qui continuent d'hésiter à se mettre totalement en mode OTS, s'ils rêvent d'un lendemain meilleur pour leur carrière.
Personne ne devrait se laisser distraire par Jacques BESSALA, Roger KAFFO, et tous ces businessmen qui se réclament de syndicalistes.
Chers collègues, le rapport de force nous est très favorable, maintenons le cap et vous verrez !”