L'apparition du variant Omicron du virus responsable du Covid-19 provoque des remous dans le monde ces derniers jours.
Surtout après que plusieurs pays aient imposé des restrictions et des interdictions aux voyageurs arrivant sur des vols en provenance d'au moins cinq pays africains.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa souligne que son pays - où le variant Omicron est détecté - ne peut être "puni" pour l'avoir trouvé grâce à la technologie disponible.
Cependant, la voix la plus forte qui s'est fait entendre à cet égard est celle d'Ayoade Olatunbosun-Alakija , co-directrice de l'Alliance africaine pour la fourniture de vaccins, qui est claire dans ses revendications envers les pays développés.
"L'apparition de ce variant était inévitable. Elle est due à l'absence de vaccination en raison de la thésaurisation des vaccins par les pays développés", dit-elle.
La BBC s'est entretenue avec Alakija à ce sujet.
Vous soulignez que l'émergence d'untel variant était inévitable
C'était totalement inévitable.
Mais je voudrais d'abord dire quelque chose : si le Covid-19 apparu en Chine était d'abord apparu en Afrique, il ne fait aucun doute que le monde nous aurait enfermés et aurait jeté la clé très loin.
Il n'y aurait pas eu d'urgence à développer des vaccins car nous aurions été remplaçables. L'Afrique aurait été connue comme le continent du Covid-19.
Ce qui se passe est inévitable et résulte de l'incapacité du monde à vacciner de manière équitable, urgente et rapide.
Et cela a provoqué cette situation ?
Il y a eu une accumulation de vaccins par les pays développés et, pour être très honnête, ces restrictions sur les voyages vers les pays du continent sont inacceptables car elles sont basées sur des questions politiques et pas du tout sur la recherche scientifique.
Nous n'avons pas assez d'informations sur l'Omicron. Le mieux que nous puissions dire sur cette variante d'un point de vue scientifique est que nous ne savons rien.
Tant que tout le monde n'est pas vacciné, personne n'est à l'abri de cette pandémie. Quelle sera donc la réponse mondiale à ce nouveau défi ? S'agira-t-il d'une réponse politique visant à protéger la population de chaque pays en empêchant les "Africains non vaccinés" d'arriver ?
La question à se poser est de savoir pourquoi les Africains ne sont pas vaccinés, que se passe-t-il ?
Était-ce donc prévisible ?
Comme je vous l'ai dit, le manque de volonté politique et l'inexistence d'une campagne de vaccination mondiale - c'est-à-dire d'un effort visant à garantir que tous les habitants de cette planète aient accès aux vaccins - ont fait émerger cette variante dans des régions très vulnérables d'Afrique.
Le monde a refusé de vacciner tout le monde avec le peu de soutien apporté à l'initiative Covax ou à d'autres méthodes de distribution.
Il y a une responsabilité commune, selon vous.
Oui. Nous savions que ces décisions, cette thésaurisation, nous mèneraient à des variants plus dangereux. Pourquoi faisons-nous semblant d'être surpris ? Pourquoi enferme-t-on l'Afrique alors que ce virus est déjà présent sur trois continents ?
Personne n'enferme la Belgique et Israël. Pourquoi isolons-nous l'Afrique ? C'est une erreur et il est temps que nos dirigeants africains se lèvent et fassent entendre leur voix.