Actualités of Saturday, 7 January 2023

Source: www.camerounweb.com

Opération Epervier: JEUNE AFRIQUE dévoile l'affaire qui va permettre de coffrer Amougou Bélinga

Amougou Bélinga serait dans le collimateur d'Etoudi Amougou Bélinga serait dans le collimateur d'Etoudi

Pendant son discours de présentation de vœux, le chef de l'Etat camerounais a donné une information qui n'a pas certainement échappé à plusieurs analystes de l'actualité politique camerounaise.

Biya annonçait encore une fois que plusieurs cadres du régime qui se sont rendus coupables "d'enrichissement illicite" devraient "répondre de leurs actes".

Or, si l'on regarde bien l'actualité en ce début d'année, l'on se rend compte que l'un des personnalités déjà citées dans le cadre d'enrichissement par la fraude et de manière illicite, est sans doute Amougou Bélinga, le patron du groupe l'anecdote.

Jeune Afrique dans un article révèle la gravité des faits qui incriminent le magnat des médias. Selon notre confrère, ces affaires sont relatives à des marchés qu'a bénéficié Amougou Bélinga à la présidence de la République.

Ci-dessous, un extrait de l'article de notre confrère


"En ce début de 2023, c’est une liste de marchés spéciaux, enregistrée dans un tableau Excel, qui défraie la chronique. Le fichier recense une centaine de commandes ordonnées par la Direction de la sécurité présidentielle (DSP) à un seul et même prestataire : Amougou Belinga.

Évalués à 21 milliards de F CFA sur une période allant de 2017 à 2021, les paiements correspondant à chaque prestation sont également mentionnés. Contacté par Jeune Afrique, Amougou Belinga n’a pas donné suite. En dépit de nos sollicitations, la DSP n’a pas non plus souhaité commenter. Il eût pourtant été intéressant de savoir pourquoi elle avait puisé dans la fameuse ligne 65 du budget, un fourre-tout pudiquement intitulé « dépenses communes de fonctionnement », et pas dans l’importante enveloppe octroyée annuellement au palais d’Etoudi, dont la DSP est l’une des directions.

Sous prétexte de protéger le secret défense, le général Ivo Desancio Yenwo, patron de la garde rapprochée de Paul Biya, n’a de toute façon jamais répondu à la presse. Certains journalistes se souviennent même que, lorsqu’il assurait encore la protection rapprochée de son mentor, ce colosse d’aujourd’hui 78 ans n’hésitait pas à décocher des coups dans l’abdomen de ceux qui tendaient de trop près leur micro au président.

L’affaire ne manque pourtant pas d’intérêt, ne serait-ce que parce qu’un seul prestataire a remporté de façon monopolistique la quasi-totalité des commandes de la DSP. À la décharge de celle-ci, la loi prévoit un régime de marchés spéciaux lorsque la prestation du service ou l’achat du bien revêt un caractère urgent ou indispensable au fonctionnement d’une administration. La DSP vérifie si le prestataire est bien en mesure de pré-financer le marché. Or personne ne conteste au propriétaire de Vision Finance cette capacité de trésorerie...

Le problème vient davantage du fait que certains équipements ou services requièrent une technicité que l’on trouverait difficilement chez un même fournisseur. D’un marché l’autre, Amougou Belinga passe de la fourniture d’habillements aux produits d’entretien, des pneus aux caméras de surveillance, des détecteurs de mines aux climatiseurs, des accessoires automobiles au matériel anti-incendie…

L’autre curiosité apparaît dans la célérité du ministère des Finances à payer la facture. En effet, le 4 avril 2020, la DSP passe commande d’extincteurs, de robinets d’incendie et de matelas. La prestation – 589,6 millions de F CFA – est payée le 15 mai 2020, soit un mois plus tard, dans un pays où des centaines d’entreprises mettent la clé sous le paillasson en raison des retards de paiement. Autre exemple : le 14 février 2020, la DSP passe une commande intitulée « Habillement » au groupe de presse L’Anecdote appartenant au même surdoué de la commande publique. Et s’acquitte de sa dette – 608 millions de F CFA – dès le 3 mars 2020.

D’autres questions subsistent mais restent sans réponse. Les prix des matériels fournis sont-ils compétitifs ? A-t-on vérifié l’efficacité du service rendu ? La commande a-t-elle vraiment été livrée ? Le paiement correspond-il au montant réel du marché ? Toutes ces questions et bien d’autres encore augurent d’une suite palpitante dans ce feuilleton qui tient en haleine les Camerounais au crépuscule de la présidence de Paul Biya".