Actualités of Thursday, 30 November 2017

Source: kamerdirect.com

Opération épervier: Chantal Biya lâchée par ses proches

' Le CERAC n’est pas l’antichambre de la justice' ' Le CERAC n’est pas l’antichambre de la justice'

L’ambiance au sein du CERAC montre une association en marche. Au siège de l’organisation sis à l’ancien palais présidentiel à Yaoundé, on est d’ailleurs loin de penser que certains membres sont partis. Seulement, on se souvient qu’à Paris le 16 avril 2016, Lily, Faycal et Aïssatou, les trois enfants de Marafa Hamidou Yaya (incarcéré pour détournement de deniers publics) ont initié une campagne ayant pour objectif de faire pression sur le régime de Yaoundé pour la libération de leur père. La fratrie a distribué des tracts aux passants, Place du Châtelet.

Les documents (sortis par milliers des presses d’une imprimerie située au 67, Rue Dubois à Paris), traitaient de l’injustice subie par leur géniteur. Une phrase du texte promettait « un déballage sans fard » sur les démarches de leur mère auprès de la présidente fondatrice du Cercle des Amis du Cameroun (CERAC).

Deux jours plus tard, Aïssatou (la deuxième fille de l’ex-secrétaire général à la présidence de la République) tonnait sur les ondes d’une radio parisienne. « Notre mère a, depuis le 16 avril 2012 (date de la présentation de Marafa Hamidou Yaya à un juge d’instruction du Tribunal criminel spécial de Yaoundé) sollicité Chantal Biya pour dénoncer l’arbitraire qui entoure l’arrestation de mon père. Chantal Biya a choisi de s’éloigner des suppliques de notre mère. Vous comprenez pourquoi cette dernière, désabusée, est sortie du CERAC ! », Avoue-t-elle. Plus loin, elle lâche : « Ce silence de Chantal Biya a signé un appel en faveur des multiples démissions silencieuses enregistrées dans le CERAC ! »

Coups de pressions

A prendre les mots et leur sens, l’organisation que coiffe l’épouse du chef de l’Etat n’a pas joué le « bon rôle » dans le tourbillon judiciaire qui emporte quelques dignitaires de la République. « Malgré son poids, le CERAC ne parvient pas à articuler un discours convaincant, en lien avec les situations dans lesquelles se trouvent nos maris…Ce carburant manque cruellement au CERAC ! », affirmait Jeannette Marafa, le 27 juin 2015 sur le plateau de TV5 Afrique.

Du coup, le sentiment se fait jour que les départs constatés de Gladys Inoni (épouse de l’ex-Premier ministre Ephraïm Inoni), Marie-Brigitte Atangana Mebara (épouse de l’ex- secrétaire général à la présidence de la République), Rose Olanguena Awono (compagne de l’ex-ministre de la Santé Publique), Germaine Mendo Ze (épouse de l’ex-directeur général de la Cameroon Radio and Television et auteur de ‘Mbamba Esaè’ dédié à Chantal Biya) insinuent le manque d’offre attractive du CERAC par rapport aux tourments de leurs maris, actuels des prisonniers de l’Epervier. Beaucoup ont fini par peindre un CERAC travaillé par un manque de soutien de « Madame ». Selon nos informations, le lobbying infructueux de ces dames auprès de Chantal Biya les a poussées volontairement vers la porte de sortie du CERAC.


A ce sujet, des indiscrétions soulignent qu’au moins deux parmi ces dernières auraient approché la première dame plus d’une fois tant à Yaoundé qu’à Mvomeka’a (ville natal du chef de l’Etat). A chaque fois, l’épouse de Paul Biya aurait répondu selon un axe classique : « Le CERAC n’est pas l’antichambre de la justice ». « C’est la vérité contenue dans cette phrase, glisse sous anonymat une figure tutélaire du CERAC à Yaoundé, qui a alimenté rancunes, rancœurs et désespoirs. Là, on peut croire que nos camarades d’hier se trompent de colère en démissionnant. Même si on peut les comprendre, cela ne craquelle pas le verni de l’union entre celles qui restent».

D’un point de vue factuel, ce « courant défait» ne quitte pas le « club des grandes dames du pays » après d’assourdissantes déflagrations. « Le CERAC vous prend quand vous venez et laisse quand vous décidez de partir pour une raison ou une autre. Un départ ne saurait s’inscrire sur le fronton d’une grande association. C’est ce que ces camarades ne comprennent pas », ironise une femme politique de la capitale. A comprendre ici qu’au sein du CERAC, tout l’enjeu consiste à ne pas faire du bruit sur des départs prévisibles.

« Le tapis vers la porte de sortie est soigneusement déroulé en amont par nos textes », insiste une autre membre de l’organisation humanitaire. Reste qu’à un moment ou à un autre, certaines cadres dont les époux sont aujourd’hui emprisonnés ont bien tenté de faire monter une mobilisation en parallèle du cercle.

A en croire une membre, l’opération Epervier a constitué une belle occasion pour cristalliser un vieux débat qui traverse chaque jour le CERAC. Ce débat, apprend-on, porte sur la proximité ou non de l’association avec la sphère politique égard au profil de ses membres (selon Beatrix Verhoeven, auteure de « Chantal Biya, la passion de l’humanitaire, paru en 2008 aux éditions Khartala, « le CERAC est composé de femmes privilégiées : épouses des diplomates accrédités au Cameroun, femmes membres du gouvernement, épouses de membres du gouvernement, directrices générales de sociétés publiques et parapubliques, députées, secrétaires générales de ministères, juristes, médecins, éducatrices, femmes d’affaires»).

« Beaucoup pensent que c’est un tremplin politique. C’est justement là l’origine du glissement entre la politique et la justice », assume un membre influent qui brandit le « caractère apolitique » du CERAC.