Après avoir passé 15 années derrière les barreaux, Jean-Baptiste Nguini Effa, ancien Directeur Général de la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP), est enfin un homme libre. Sa libération marque la fin d’un chapitre sombre de sa vie, lié à son arrestation en août 2009 dans le cadre de l’Opération Épervier, une vaste campagne de lutte contre la corruption initiée au Cameroun en 2006.

Invité à l'émission spéciale de Bnews1, face au journaliste Ernest Obama, Nguini Effa est revenu sur les circonstances de cette arrestation qui a bouleversé sa vie. « Le 25 août, j’étais avec mon équipe de Renaissance de Ngoumou, nous préparions la saison sportive avec des ambitions pour une tournée en Afrique du Sud. J’ai veillé tard. Le lendemain matin, vers 5h30 ou 6h, mon gardien est venu frapper à ma porte. Ma femme, députée à l’époque, était en mission. Des policiers sont arrivés, mais sans l’agitation habituelle de l'Opération Épervier. Contrairement aux descentes spectaculaires qu'on avait vues auparavant, mon interpellation s’est déroulée dans le calme. Trois policiers sont venus dans une petite Toyota Corolla, ils sont entrés dans ma chambre avec respect. L’un d’eux m’a dit : 'Je suis désolé, j’ai une convocation pour vous à la police judiciaire. Prenez votre carte d’identité, habillez-vous, et préparez quelques affaires'.»

Nguini Effa a alors été conduit à la Police Judiciaire de Yaoundé, avant d’être transféré à Douala le jour même, où il a passé trois jours dans des conditions déplorables. « Ce fut le premier choc de ma vie », se souvient-il. Incarcéré pour des accusations de détournement de deux milliards de francs CFA entre 2005 et 2009, il était l’un des premiers hauts responsables à tomber dans le cadre de l'Opération Épervier.

À la tête de la SCDP depuis 1994, Nguini Effa a vu sa carrière s'effondrer en quelques heures. Condamné initialement à 30 ans de prison, il a déposé un recours auprès de la Cour suprême en octobre 2012. Il aura fallu cinq longues années avant que son dossier ne soit enfin jugé. Pendant cette période, il a dû faire face à des accusations sévères, partagées avec plusieurs de ses collaborateurs.

Parmi les coaccusés, Mokoko James, en fuite, a été condamné à la réclusion à perpétuité. Jean Gueye Beautemps Mackongo, ancien directeur de la comptabilité de la SCDP, et Marck Therry Etondi, ont écopé de peines respectives de 12 et 10 ans de prison.