«Le chef doit beaucoup écouter et très peu parler». Fidèle à sa maxime, Ousmane Mey emporte avec lui ses secrets. Et ce n’est pas faute pour de nombreux nordistes de l’avoir incité à rédiger ses mémoires, pour laisser à l’histoire, à ses enfants, toute sa connaissance de la vie.
Beaucoup diraient de la République. Fidèle à son grand sens de l’Etat, le patriarche Kotoko n’y a jamais donné suite. Il n’aura même plus à répondre poliment à ses interlocuteurs, pour se débiner à cette lourde mission que le devoir ne lui commandait pas.
Dans la nuit du 19 au 20 janvier 2016, l’ancien gouverneur du Nord s’est éteint dans sa résidence de Bastos à Yaoundé. Dans la journée du 20 janvier 2016, sa dépouille a été transportée par vol spécial à Ndjamena avant d’entamer à Kousseri, le lendemain, sa dernière tournée. Et rejoindre l’éternité. On savait le patriarche malade, ce qui l’obligeait à quitter fréquemment sa ville de Kousseri pour Yaoundé, ou encore l’étranger. De quoi souffrait-il ?
De la maladie de la vieillesse. El hadj Ousmane Mey devait compter au moins 90 ans. S’il n’a pas légué à la postérité ses mémoires, le défunt s’est parfois confié, en des rares occasions, à des intimes. En 1945, apprend-t-on, les colons décident que les élèves du Grand- Nord n’iront désormais plus à l’école supérieure de Yaoundé, mais plutôt à Bongor, au Tchad, dans une école similaire qu’ils viennent d’ouvrir. Pour justifier leur décision, les colons convoquent la distance qui sépare le Nord du Cameroun de Yaoundé et des problèmes d’adaptation rencontrés par les élèves nordistes.