Une nouvelle taxe sur le transport des produits vivriers instaurée depuis quelques mois cause de nombreuses pertes financières aux acteurs de cet agropole.
L'inquiétude est perceptible sur les visages des deux agents de la commune d’Awae sur l’un des deux postes de péage érigés à la sortie des champs d’ananas de l’agropole d’Awae, à la rencontre des visages étrangers à leur lieu de service, le vendredi dernier. Celle-ci illustre à n’en point douter du caractère illégal de cette taxe imposée depuis environ quatre mois par la commune de cette localité.
En effet, face à quelques journalistes descendus sur le terrain pour vérifier de l’effectivité de la collecte de cette taxe, ces agents auront du mal à expliquer son bien-fondé.
Leur seul argument étant que cette taxe sur le transport des produits vivriers a été instaurée par le conseil municipal de la mairie d’Awae. Aucune autre explication supplémentaire ne sera donnée par le maire de cette commune, Akono Ze qui, informe-t-on est empêché pour cause de mariage et qui n’ose répondre aux sollicitations des journalistes sur cette question. Mais il reste vérifiable que la commune d’Awae collecte effectivement une taxe allant de 500 à 3 000, en fonction du gabarit du véhicule transportant ces vivres, selon les agents de la mairie, alors que Jean Baptiste Kouam, le président de la Société coopérative agropastorale d’Awae (Socopao), lui parle des taxes allant de 3 000 à 10 000 FCFA. Et celles-ci sont effectivement reversées dans les caisses de la mairie d’Awae, si l’on s’en tient aux récépissés de paiement délivrés par les agents de cette mairie.
Pour le président de la Socopao, cette taxe qui est payée par voiture transportant les produits agricoles sortant de leurs champs est illégale, car les planteurs d’ananas réunis dans le cadre de cet agropole sont soumis au régime du réel et doivent payer la patente. Et pour cela, à la Socopao, l’on estime à 220 000 FCFA par mois le taux d’impôt payé à la mairie d’Awaé, sur un chiffre d’affaire de 54 millions par an.
Et, surtout, cette taxe imposée par la mairie d’Awae semble d’ailleurs aller à l’encontre des nouvelles mesures incitatives contenues dans la loi des finances 2017. Il est à noter que selon les données de cette coopérative, environ 3 000 tonnes d’ananas sont produites ici par an, et entre 30 à 40 camions par semaine transportant ces produits agricoles sont soumis au paiement de cette taxe sur le transport. Toute chose qui, estime Jean Baptiste Kouam, cause d’énormes pertes à leur activité, mettant même en péril le bon fonctionnement de cet agropole qui a pourtant, dans le cadre du programme agropoles bénéficié d’un soutien du gouvernement d’un montant de 1,5 milliard de FCFA.
Mais, cet agropole, du fait du manque de financement ne parvient pas à mettre sur pieds l’usine de transformation prévue dans le cadre de cet agropole. Pour l’heure, en attendant la réaction des autorités compétentes, notamment le ministère de l’Agriculture et du développement rural, celui de l’Administration territoriale et de la décentralisation qui ont été saisies par les responsables par cet agropole, ils continuent à payer cette taxe, bien qu’elle ne figure nulle part dans le Code général des impôts.
Au cours d’une réunion tenue à Mfou avec le chef de Centre des Impôts, ce dernier, apprend-on, a précisé que « la mairie ne crée pas de taxes, elle peut juste se référer sur le code général des impôts pour statuer sur une taxe. A ma connaissance à l’heure actuelle, il n’existe pas de taxe prévue sur les produits agricoles ».