Dans un communiqué officiel publié ce mercredi, l’Assemblée nationale du Cameroun a confirmé le baptême solennel de son nouveau siège en "Palais de Verre Paul Biya", une cérémonie prévue ce vendredi 25 avril à Yaoundé. Cet événement, placé sous le "Très Haut patronage" du président de la République, relance cependant la question de sa présence effective, après des mois de manœuvres discrètes de Cavayé Yéguié Djibril pour l’y convaincre.

Le communiqué signé par le secrétaire général de l’Assemblée nationale, Essian André Noël, précise que la cérémonie se déroulera à partir de 10 heures sur l’esplanade du bâtiment, situé dans le quartier de Ngoa-Ekelle. Ce baptême intervient cinq mois après l’inauguration initiale du site en novembre 2024, marquée par l’absence remarquée de Paul Biya.

Selon des informations de Jeune Afrique, Cavayé Yéguié Djibril, président de la chambre basse, a intensifié ces dernières semaines les pressions auprès de l’entourage présidentiel, notamment via Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de Biya. Objectif : obtenir la présence physique du chef de l’État, dont la rareté des apparitions publiques alimente les spéculations.

Malgré ces efforts, les sources concordantes indiquent que Paul Biya, retiré dans sa résidence de Mvomeka’a depuis février, ne se déplacera probablement pas. Une alternative serait à l’étude : la représentation par son épouse, Chantal Biya, dont la présence symboliserait un soutien du pouvoir exécutif tout en évitant un vide protocolaire.

Cette hypothèse s’inscrit dans un contexte où le président, bien que gestionnaire actif des dossiers depuis son fief, semble privilégier une communication à distance. Sa prochaine apparition publique est anticipée pour le 20 mai, lors des célébrations de la fête de l’Unité.

Le choix du nom "Palais de Verre Paul Biya" ne manque pas de susciter des interprétations. Pour ses détracteurs, il s’agit d’une tentative de sacraliser l’héritage d’un président vieillissant, tandis que ses partisans y voient un hommage à "l’architecte" des institutions camerounaises.

Avec près de 4 000 invités attendus et un dispositif sécuritaire renforcé, l’événement vise aussi à consolider l’image d’une Assemblée nationale modernisée, grâce aux partenariats chinois. Cependant, l’absence répétée de Biya pourrait affaiblir l’impact symbolique recherché par Cavayé Yéguié Djibril, dont la loyauté au régime ne fait pourtant aucun doute.

Alors que les préparatifs s’achèvent, la cérémonie du 25 avril cristallise les paradoxes d’un pouvoir où le symbolique et le réel peinent à coïncider. Que Paul Biya s’y montre ou non, son ombre planera sur ce "Palais de Verre" qui porte désormais son nom – un héritage matériel dans un pays en attente de transitions.