La question de la sécurité aéroportuaire au Cameroun revient sur le devant de la scène. Selon des informations exclusives obtenues par le lanceur d'alerte Boris Bertolt, l'état de délabrement avancé de la piste d'atterrissage de l'Aéroport International de Garoua suscite de vives préoccupations au plus haut sommet de l'État.


À l'approche du pèlerinage à La Mecque qui se tiendra dans quelques mois, la Présidence de la République a interpellé le Directeur Général des Aéroports Du Cameroun (ADC), Thomas Owona Assoumou, sur la nécessité impérieuse de réhabiliter cette infrastructure stratégique. Cette piste, dont l'état des chaussées aéronautiques est jugé "très préoccupant", constitue traditionnellement le principal point d'embarquement et de retour des pèlerins des trois régions septentrionales.

Situation d'autant plus alarmante que de nombreux pilotes ont déjà tiré la sonnette d'alarme : la piste, dans son état actuel, ne permet plus d'accueillir les aéronefs gros porteurs habituellement utilisés pour le transport des pèlerins vers l'Arabie Saoudite.


L'urgence de cette réhabilitation dépasse le cadre purement technique. En cette année d'élection présidentielle, le pouvoir en place semble particulièrement soucieux de ne pas mécontenter ce qu'il considère comme son "vivier électoral" dans les régions du Nord, de l'Extrême-Nord et de l'Adamaoua.
Cette préoccupation présidentielle intervient dans un contexte où la crédibilité des ADC est déjà fortement entamée. Des questions se posent notamment sur l'utilisation des fonds alloués en 2021 pour la mise à niveau des infrastructures aéroportuaires du pays avant la Coupe d'Afrique des Nations (CAN). Malgré "les milliards engloutis", la piste de Garoua n'a visiblement pas bénéficié des rénovations nécessaires.


Le Directeur Général des ADC se trouve aujourd'hui confronté à un défi de taille : trouver les 20 milliards de FCFA nécessaires à la réhabilitation de la piste. Mission qui s'annonce ardue puisque, selon nos sources, la trésorerie de l'entreprise publique serait "complètement asséchée à cause de la gabegie qui y a fait son nid".

La situation financière des ADC serait si précaire que les fournisseurs "font des pieds et des mains pour être payés", révélant ainsi des problèmes structurels de gestion au sein de cette entreprise stratégique.


Ce nouveau scandale s'ajoute à d'autres projets en souffrance, notamment celui concernant la réhabilitation de l'aérogare passagers de l'aéroport de Douala qui "reste à l'état de maquette depuis 5 ans", malgré son importance économique pour la capitale économique du pays.

Ces dysfonctionnements à répétition posent inévitablement la question de la gouvernance au sein des Aéroports Du Cameroun et, plus largement, de la gestion des infrastructures stratégiques du pays.

Alors que tous les regards sont désormais tournés vers Thomas Owona Assoumou, l'avenir immédiat de l'Aéroport International de Garoua, infrastructure cruciale pour le développement économique et touristique du septentrion camerounais, demeure incertain.