Réélu à la tête de cette institution le jeudi, 10 mai 2018 à Midrand en Afrique du Sud, le Camerounais Nkodo Dang pourrait quitter le perchoir bien avant la fin de son mandat.
IL EST REPROCHÉ au natif d’Ayos des irrégularités dans la gestion des fonds du Parlement africain. Il s’agit notamment des avantages accordés aux personnels en outrepassant les procédures de l’Union africaine (Ua). La levée provisoire du gel des fonds, proposée par la commission des chefs d’État, a donné la possibilité à ce dernier de s’en prendre à certains médias qui ont relayé l’information. Nkodo Dang est allé plus loin en insultant la presse camerounaise qu’il qualifie «d’incompétente».
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Hier dimanche, sur le plateau de l’émission politique « Club d’élites » diffusée sur les antennes de Vision4, plusieurs panélistes sont revenus sur le sujet. Le Pr Charly Gabriel Mbock juge «inappropriée» la réaction du parlementaire. Il estime que « lorsqu’on efface une erreur avec la gomme, il ya toujours des traces de la gomme qui restent ». Pour l’universitaire, Nkodo Dang ne devrait pas s’en prendre à la presse camerounaise qui s’est contentée de relayer et de commenter un fait.
Les irrégularités démantelées, les avantages indument perçus n’étant pas une vue de l’esprit. En effet, d’autres panélistes ont fustigé le rapprochement que le parlementaire fait entre son image et celle du chef de l’État Paul Biya. Or, nos sources généralement crédibles renseignent que l’arrivée annoncée au Cameroun les 12 et 13 juillet du président de la commission de l’UA, Mahamat Fakir, est liée à cette situation déshonorante que Nkodo Dang a infligée à l’image de marque du Cameroun. Le Tchadien ne viendra pas les mains vides au Cameroun.
Il apportera certainement tous les éléments d’appréciation possibles à Paul Biya sur cette scabreuse affaire de mal gouvernance. S’il jouit encore d’une présomption d’innocence, le député du Nyong et Mfoumou est sur le chemin, à en croire certains, de Joseph Nzo Ekangaki. Ce natif de Nguti dans la région du Sud-ouest Cameroun a été le tout premier camerounais à occuper le prestigieux poste de secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (1972-1974).
Il succédait alors au Guinéen DialloTelli. Son départ précipité reste lié à l’affaire du contrat Oua/ LONRHO (London Rhodesian Mining Land Company), révélée par Paul Bernetel de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Il avait alors été remplacé par William Eteki Mboumoua. Il faut retenir que le conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine avait déjà décidé, en prélude au dernier sommet, de suspendre provisoirement le budget de cet organe.
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Ce sont les chefs d’État qui ont levé cette sanction, en attendant la fin de l’enquête ordonnée pour la circonstance. L’avenir de Nkodo Dang sera-t-il semblable à celui de son compatriote ? L’enquête en cours nous le dira peut-être, mais les accusations actuelles constituent déjà une tâche noire qui a jeté l’opprobre sur l’image du Cameroun.