À l'approche de l'élection présidentielle de 2025, les voix s'élèvent au Cameroun pour exprimer des préoccupations quant à une éventuelle nouvelle candidature du président Paul Biya. Parmi ces voix critiques figure Saint-Eloi Bidoung, ancien cadre du RDPC, qui dénonce la longévité du président au pouvoir, qualifiant un nouveau mandat de « mandat de trop ».
Il y a quelques années, le magazine *Jeune Afrique* titrait « Cameroun, le péril vieux », soulignant la domination des septuagénaires et octogénaires aux commandes des institutions du pays. Une image qui, selon Bidoung, rappelle celle du Soviet Suprême de l'ancienne URSS, où le plus jeune membre avait 73 ans. La question se pose donc : le Cameroun s’en éloigne-t-il tant que cela ?
Le RDPC, parti au pouvoir, est souvent présenté comme une formation politique dominée par des figures âgées, battant ainsi des records mondiaux dans plusieurs fonctions. Paul Biya, âgé de 93 ans, est déjà considéré comme le plus vieux président en exercice dans le monde. Le Cameroun abrite également le plus ancien président de Sénat, le plus vieux général actif, ainsi que des commissaires et juges constitutionnels de plus de 80 ans.
Pour Saint-Eloi Bidoung, la perspective d'un nouveau mandat de Paul Biya est préoccupante. « 93 ans, c’est trop », estime-t-il. Bien que la longévité soit une bénédiction, dans le contexte d’une République moderne, cela devient excessif, explique-t-il. « Quelle image donnerons-nous au monde avec un président qui peine à monter les marches lors des cérémonies officielles et qui a du mal à se tenir debout plus d’une heure en public ? » questionne-t-il, en soulignant les défis physiques auxquels fait face le chef de l’État.
Pour d’autres, cependant, l’âge de Paul Biya est vu comme un signe de sagesse et d’expérience. Certains de ses soutiens affirment que, malgré son âge avancé, le président pourrait encore apporter des contributions précieuses au Cameroun. De son slogan « La force de l'expérience », Biya est désormais passé à « Les grandes opportunités », bien que les « grandes réalisations » promises ne soient pas encore perceptibles aux yeux de ses détracteurs.
Il existe également une autre catégorie de partisans du président : ceux que Bidoung qualifie de « valetaille » ou d'opportunistes qui gravitent autour de Paul Biya et qui craignent de perdre leurs privilèges si le chef de l'État quitte le pouvoir. Bidoung n’hésite pas à dénoncer ces figures, affirmant qu’elles s’accrochent au pouvoir non pas par loyauté envers Biya, mais par crainte de perdre leurs privilèges acquis, voire leur liberté, si un nouveau régime venait à juger leurs actions.
Pour Bidoung et beaucoup d'autres Camerounais, les 43 ans de règne de Paul Biya représentent déjà un temps trop long, une situation qui risque de s’étendre à 50 ans, voire plus, si le président est réélu en 2025. « 2025 sera un mandat de plus, mais surtout un mandat de trop », prévient Saint-Eloi Bidoung.