Actualités of Monday, 21 October 2024

Source: Le Messager

Paul Biya : L’importance d’une mort maîtrisée

Paul Biya Paul Biya

Pour François Soudan, la transition du pouvoir bien préparé est essentielle pour maintenir la paix civile et éviter le chaos. L'éditorialiste met en garde contre les conséquences désastreuses d'un refus de planifier sa succession, et compare cette attitude à un « lent naufrage ».


« Toute mort est un saut dans l’inconnu, dans lequel un chef digne de son rang ne saurait entraîner les siens. Il faut, quand il est encore temps, savoir la regarder en face et s’y préparer » , lance François Soudan. À ce sujet, le souverain de Bamendjou, Sa Majesté le Fôô de Sokoudjou Chendjou II Jean Rameau est d'accord avec l'éditorialiste. Selon lui, « le chef doit préparer sa mort et sa succession. Il doit même pouvoir savoir quand et où il doit mourir » . La sortie de François Soudan est une invitation à ne pas fuir, ni à esquiver le débat. Il doit cependant être constructif et prospectif. Il ne doit être ni tabou, ni mystifié, mais encadré par les structures chargées de la communication officielle. « C'est au président de la République, et à lui seul, que le peuple a donné mandat pour le conduire. Ses silences-jusqu 'à date éloquents dans le contexte actuel marqué par des problématiques aussi importantes que délicates, peuvent aujourd'hui plus qu 'hier, perturber, inquiéter et fragiliser les acteurs de la vie sociale » , souligne Michel Ange Angouing, magistrat hors échelle, conseiller technique au ministère de la Justice, anciennement ministre.



L'importance d'une mort maîtrisée pour pallier le vide

L'éditorialiste de Jeune Afrique fait bien de convoquer ce qu 'il appelle, le poids de l’incertitude. Les écritures ecclésiastiques enseignent : « qu 'il y a un temps pour tout » . La prudence recommande de ne pas s'endormir sur les silences du président, ni de sombrer dans un aveuglément insolent, ridicule, insensé, imprécis et indécis qui chante les louanges d' un « Paul Biya, maître du temps » . C'est de bon ton que François Soudan affirme qu 'il est nécessaire d'entrevoir une mort maîtrisée, afin de pallier au maximum le vide et la rupture qui s’ensuivront. «Une mort suffisamment préparée et anticipée pour en limiter les effets perturbateurs et que s’amorce une réorganisation du pouvoir dans un climat de paix civile : tel doit être le projet raisonnable de la poignée de doyens encore aux commandes sur le continent et dont tout porte à croire qu’ils ne les lâcheront qu’à leur dernier souffle. Ne pas y consentir, refuser même d’y penser, chasser les éclairs de lucidité d’un « après moi le chaos » , c’est faire de sa vieillesse un lent naufrage dans lequel sombreront ses proches et ceux de ses affidés qui n’auront pas quitté le navire avant la fin » , lance l'éditorialiste. Parlons peu mais parlons vrai. Aujourd'hui on se couche le soir inquiet et on se lève le matin la tête bourrée d'incertitudes et la peur dans le ventre. Il est incontestable que le Président de la République Paul Biya tient encore solidement le gouvernail. Il est encore celui-là qui, jusqu 'à ce qu 'il en soit autrement décidé à la présidentielle de 2025. Il est le seul à détenir tous les leviers pour la paix, la stabilité et la cohésion nationale. Toutefois, si ses soucis de santé que certains évoquent avec insistance sont réels, le mutisme actuel et le silence radio sont un manque d'élégance et de respect à l'adresse des populations qui l'ont élu à la magistrature suprême.