Paul Biya a peur de perdre: le RDPC intensifie sa collecte d'informations sur les électeurs de la diaspora

Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir au Cameroun, a récemment lancé une initiative sans précédent visant à recueillir des informations détaillées sur les électeurs camerounais de la diaspora. Cette démarche, initiée par Jean Pierre Fogui, ancien Ministre Délégué à la Justice et actuel Secrétaire chargé des Relations Internationales et des Droits de l'Homme au Comité Central du RDPC, soulève de nombreuses questions quant à ses motivations et ses implications potentielles.

Dans une correspondance adressée aux présidents des sections du RDPC à l'étranger, M. Fogui a demandé une série d'informations spécifiques. Parmi celles-ci figurent le nombre total d'électeurs inscrits dans chaque circonscription selon le registre d'ELECAM, le pourcentage de militants et sympathisants du RDPC parmi ces électeurs, ainsi que des listes détaillées des militants du parti, qu'ils soient inscrits ou non sur les listes électorales. Les présidents de section sont tenus de fournir ces informations au Secrétariat Général du Comité Central du parti avant le 15 octobre 2024.
Cette initiative intervient dans un contexte politique particulièrement chargé. L'année écoulée a été marquée par une mobilisation sans précédent de l'opposition camerounaise, des organisations de la société civile et de personnalités influentes, visant à encourager l'inscription massive des Camerounais sur les listes électorales. Cette mobilisation, particulièrement visible dans la diaspora, semble avoir inquiété le RDPC, qui avait jusqu'à présent bénéficié d'une certaine apathie électorale parmi les opposants.

La démarche du RDPC suscite des interrogations sur ses intentions réelles. Certains observateurs craignent que ces informations ne soient utilisées pour tenter d'influencer le processus électoral, notamment si les chiffres révèlent une forte proportion d'électeurs favorables à l'opposition dans certaines régions de la diaspora. Les liens étroits entre le RDPC et ELECAM, l'organisme chargé de l'organisation des élections, alimentent ces inquiétudes.

Face à cette situation, l'opposition et les organisations de la société civile appellent à la vigilance. Ils soulignent l'importance cruciale de garantir un processus électoral transparent et équitable, particulièrement dans la perspective de l'élection présidentielle prévue l'année prochaine. Cette élection est largement considérée comme décisive pour l'avenir démocratique du Cameroun.

L'initiative du RDPC met en lumière les enjeux complexes liés à la participation politique de la diaspora camerounaise. Alors que cette communauté joue un rôle de plus en plus important dans le débat politique national, sa mobilisation croissante pourrait potentiellement influencer de manière significative les résultats des prochaines échéances électorales.

Dans les semaines et les mois à venir, il sera crucial d'observer comment le RDPC utilisera les informations recueillies et quelles seront les réactions des autres acteurs politiques et de la société civile. Cette situation pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les partis politiques camerounais abordent le vote de la diaspora et, plus largement, dans la dynamique politique du pays à l'approche des élections.