Actualités of Tuesday, 11 February 2025

Source: www.camerounweb.com

Paul Biya en 2025: les diplomaties occidentales sur le qui-vive, révélation exclusive de Jeune Afrique

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Alors que le Cameroun se prépare à une élection présidentielle cruciale prévue en octobre 2025, les diplomaties occidentales ajustent leurs stratégies pour faire face à un scrutin qui s’annonce tendu. Entre expérience, prudence et offensives, chaque pays tente de se positionner dans un contexte politique local marqué par des tensions croissantes entre le pouvoir et l’opposition.


L’avocat Akere Muna, figure de l’opposition et probable candidat à la présidentielle, a récemment convié une dizaine d’ambassadeurs occidentaux à sa résidence du quartier Bastos à Yaoundé. Objectif : établir un dialogue direct et sensibiliser les diplomates aux attentes de l’opposition. Cette démarche, qui s’apparente à une opération de charme, vise également à aider les nouveaux ambassadeurs à mieux comprendre les réalités politiques camerounaises.

Alors que des voix s’élèvent pour demander au président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, de ne pas se représenter, les diplomaties occidentales s’inquiètent en coulisses des risques de violence et d’instabilité. La présidentielle, prévue en octobre, est perçue comme un moment clé pour l’avenir du pays, et les chancelleries étrangères entendent jouer un rôle, discret ou affirmé, dans ce processus.


La France, partenaire historique du Cameroun, mise sur la continuité et l’expérience. Le général Thierry Marchand, ambassadeur de France à Yaoundé depuis septembre 2022, a vu son mandat prolongé jusqu’en décembre 2025. Cette décision témoigne de la volonté de Paris de s’appuyer sur un diplomate rompu aux subtilités du terrain camerounais pour naviguer dans une élection à haut risque.

Contrairement à d’autres pays, la France privilégie une approche discrète, soucieuse de préserver ses relations avec le palais d’Etoudi, siège du pouvoir présidentiel. Cette prudence contraste avec la posture plus offensive adoptée par d’autres chancelleries, notamment celle des États-Unis.

Les États-Unis : entre offensives et incertitudes
Les Américains, traditionnellement plus directs dans leurs interventions, pourraient se montrer particulièrement actifs dans cette élection. L’arrivée d’Elizabeth Moore Aubin, nouvelle ambassadrice des États-Unis au Cameroun, marque un tournant. Bien que francophone, cette spécialiste du Proche-Orient découvre l’Afrique subsaharienne, ce qui pourrait limiter sa marge de manœuvre dans un contexte politique complexe.

Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et la possible nomination de Tibor Nagy au poste de sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines pourraient toutefois changer la donne. Réputé hostile à Paul Biya, Nagy pourrait incarner un durcissement de la position américaine envers le pouvoir camerounais.

Historiquement, les ambassadeurs américains n’hésitent pas à interpeller directement les autorités. En 2018, Peter Henry Barlerin, alors ambassadeur, avait publiquement appelé Paul Biya à organiser des élections transparentes et à réfléchir à son héritage politique. Une approche qui avait marqué les esprits et illustré la volonté des États-Unis de jouer un rôle actif dans les affaires camerounaises.


Du côté britannique, le nouveau haut-commissaire, Matthew David Woods, a présenté ses lettres de créances en octobre 2024. Bien qu’expérimenté, notamment grâce à son passage à Addis-Abeba, Woods devra composer avec un temps limité pour se familiariser avec les enjeux locaux. Ses consultations intensives ces derniers mois témoignent de sa volonté de rattraper ce retard, mais la tâche s’annonce ardue.

Un scrutin sous haute tension
Alors que les diplomaties occidentales ajustent leurs stratégies, le pouvoir et l’opposition camerounais se disputent leurs faveurs. Les enjeux sont de taille : stabilité politique, transparence électorale et prévention des violences. Les déclarations de Paul Biya en 2010, rapportées par l’ancienne ambassadrice américaine Janet Garvey dans un câble diplomatique révélé par Wikileaks, rappellent que le président camerounais a déjà évoqué l’idée d’une retraite. Mais en 2025, la question reste ouverte : Paul Biya se représentera-t-il, ou cédera-t-il la place à une nouvelle génération ?