Actualités of Monday, 21 October 2024

Source: Le Messager

Paul Biya, le temps de la dévolution du pouvoir

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Jusqu'à l'annonce de la « mort de Paul Biya », « tué » par la rumeur, il y a eu un vide, la perte de l'usage de la parole chez les « faux amis » du chef d'État, dans son armée de courtisans, des spécialistes du double langage et de la duplicité de caractères; les profiteurs de l'incurie qui infestent les rangs, ceux qui le vénèrent et célèbrent son désir d'éternité à la magistrature suprême.

Parlant de la « tradition de déni . . . » chez le président Paul Biya, François Soudan s'indigne de ce que, à cette infox ambazonienne essaimée par des activistes irresponsables spécialistes du « doxing » (la divulgation mortifère de données personnelles), les autorités de Yaoundé ont répondu de la pire des manières : l’interdiction de tout débat sur la santé du doyen des chefs d’État élus de la planète. « Ce qui revient à ouvrir un boulevard à l’infodémie, laquelle se nourrit de toutes les crises, de tous les tabous et de toutes les opacités » , écrit-il. Ce faisant, poursuit-il, l’entourage de Paul Biya s’inscrit dans une longue tradition de déni de la maladie et de dissimulation de l’affaiblissement du chef, largement pratiquée depuis des lustres et sous tous les cieux. À la suite du directeur de rédaction de Jeune Afrique, bien malin qui pourrait expliquer pourquoi, avant la diffusion de la rumeur sur la mort de Paul Biya, alors que le besoin en information se faisait ressentir, que les réseaux sociaux faisaient corps avec l'enfumage et l'esbroufe, il y a eu une sorte de l'attentisme. Doit-on penser que dire aux camerounais là où se trouve le président Paul Biya n'est pas faire preuve de l'honnêteté et la sincérité? Que peut-on encore cacher au peuple camerounais de son Président de la République Paul Biya qui a passé plus de quatre décennies à la magistrature suprême, lui qui aura 92 ans en 2025, et que le Rdpc espère candidater à la prochaine élection présidentielle de la même année? Tout en convoquant la contre-obligation de transparence, François Soudan reconnaît certes que, la santé des chefs, comme celle de tout un chacun, relève de l’intimité et reste par essence confidentielle. «Mais lorsque la stabilité et la conduite des affaires publiques dépendent de l’état de forme physique et psychique de celui qui préside à ses destinées, la transparence est une obligation. Même s’il dispose d’un solide maillage administratif lui permettant de fonctionner un temps en pilotage automatique, le Cameroun ne saurait s’y soustraire » .

Une Nation très mal à l'aise Pour le directeur de rédaction, « un pays ne peut longtemps demeurer dans le même état que la santé de son chef : stationnaire » . Si ce n'est le « bal des bonimenteurs et des hypocrites » , à quel jeu s'exercent les pontes du régime du Renouveau, lorsqu 'ils multiplient les appels à candidature pour Paul Biya, alors qu 'ils n'en savent rien sur son état de santé, ni sur sa position dans le globe terrestre ? La sortie de l'éditorialiste de Jeune Afrique questionne, se solidarise des interrogations et craintes des camerounais. Elle permet aussi de lever le pied sur les problématiques qui plombent un pays exacerbé de jour comme de nuit par l'imposture et la déliquescence mentale des brocanteurs politiques. Le pays de Paul Biya est en passe de devenir une Nation très mal à l'aise, fragilisée par l'adversité calculée, la fumisterie, les batailles de rideaux, l'animosité au sein des clans effarouchés; un pays qui se délite, se désagrège et s'embourbe dans un environnement coriace de fin de règne du Renouveau.