Dans le monde des affaires internationales, la présence des chefs d'État aux sommets internationaux est souvent considérée comme un signe de leur engagement envers les enjeux mondiaux. Cependant, lorsque l'on examine l'agenda de Paul Biya, président du Cameroun, au cours de la dernière décennie, une tendance surprenante se dessine : une absence fréquente aux rassemblements internationaux. C’est le sens d’un nouveau dossier bien fouillé et intéressant de Jeune Afrique.
Selon une enquête menée par Jeune Afrique, en analysant les comptes-rendus officiels des visites à l'étranger du président depuis 2014, il est clair que Paul Biya privilégie la parcimonie en matière de participation à ces rassemblements internationaux. En particulier, son absence aux Nations unies est notable. Le président n'a assisté qu'à deux reprises à l'Assemblée générale annuelle de l'ONU en septembre, en 2016 et 2017. Cela signifie qu'il a délégué à ses ministres des Relations extérieures le soin de prendre la parole à la tribune de l'ONU au nom du Cameroun pendant 80 % de la dernière décennie.
Même lorsque Paul Biya a récemment voyagé outre-Atlantique, c'était pour le sommet États-Unis-Afrique de décembre 2022, où il a été reçu à la Maison-Blanche par le président américain Joe Biden. Cependant, aucune autre activité américaine ne figure dans son agenda officiel au cours de la dernière décennie.
Le bilan du président camerounais en ce qui concerne le sommet de l'Union africaine est tout aussi marquant, voire plus. Au cours des dix dernières années, il n'a jamais assisté à ce rassemblement annuel à Addis-Abeba, en Éthiopie. Sa présence s'est limitée à quelques exceptions, notamment sa participation au sommet entre l'UA et l'Union européenne à Bruxelles en 2014 et à Abidjan en 2017. En 2017, il a également assisté à deux autres réunions internationales, axées sur la sécurité régionale au Nigeria et avec la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale à N'Djamena.
En dehors de ces rares apparitions, Paul Biya a largement favorisé les pays francophones. Il a participé au sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Dakar en 2014. De plus, il s'est rendu à Paris à trois reprises au cours de la dernière décennie, notamment pour des conférences sur le climat en 2015 et 2017, ainsi que sur la finance internationale en 2023.
L'absence fréquente de Paul Biya aux sommets internationaux soulève des questions sur son engagement envers les enjeux mondiaux et sur la manière dont le Cameroun est représenté sur la scène internationale. Alors que de nombreux chefs d'État considèrent ces rassemblements comme une opportunité de participer aux discussions mondiales et de promouvoir les intérêts de leur pays, Paul Biya semble avoir choisi une approche différente, laissant ses ministres jouer un rôle prédominant dans la diplomatie internationale.