Désigné mi-avril en tant que candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) – parti de tendance sociale-libérale qu’il a fondé en 2012 –, Maurice Kamto se présente pour la première fois à la présidentielle.
Ancien ministre délégué à la Justice (2004-2011), l’éminent professeur de droit est connu pour avoir supervisé le règlement du différend entre son pays et le Nigeria à propos de la presqu’île de Bakassi. Malgré les attaques, l’avocat se dit persuadé de pouvoir vaincre le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Jeune Afrique : Comment se déroule votre campagne?
Maurice Kamto: Nous continuons à nous déployer partout et enchaînons les meetings dans le Sud, le Centre et l’Ouest, où certains rassemblements ont malheureusement fait l’objet d’interdictions administratives. L’exécutif se sert de l’Administration pour gêner notre campagne. Malgré cela, nous sommes globalement satisfaits, car l’accueil des Camerounais est à la hauteur.
Je suis convaincu que nous allons battre le candidat du RDPC.
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Certes, ce dernier mobilise ses troupes, mais cela me semble moins bien huilé que lors des précédents scrutins présidentiels. En revanche, il nous mène la vie dure sur le terrain. Cette période préélectorale est extrêmement violente, avec des attaques à caractère ethnique contre ma personne. Nous sommes une cible, mais nous tiendrons bon.
Sans candidature unique de l’opposition, l’alternance est-elle envisageable?
Une coalition et une candidature unique seraient l’idéal mais ce n’est pas le seul moyen. En 1992, il n’y avait pas de candidat unique.
Cela dit, le MRC a proposé aux autres formations d’ouvrir les discussions. Certaines nous ont déjà rejoints, des rencontres ont eu lieu avec Akere Muna et avec les représentants du SDF [Social Democratic Front] de Joshua Osih. L’important est de travailler pour être prêts au bon moment.
En quoi la résolution de la crise anglophone est-elle l’un des principaux enjeux de la campagne, surtout depuis que l’armée a abattu 32 personnes à Menka fin mai?
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Menka est le dernier épisode de cette sale guerre que le pouvoir a laissée s’installer. La crise aurait pu être réglée depuis longtemps. Elle n’était au départ qu’une somme de revendications corporatistes, émanant notamment des avocats. Voyez où nous en sommes: des Camerounais tuent des Camerounais.
Je ne pensais pas revoir ça un jour! L’élection est la moins mauvaise des solutions. Les Camerounais du Nord-Ouest comme ceux du Sud-Ouest doivent être en mesure de se dire qu’ils peuvent peser sur la conduite de l’État. La présidentielle est la première étape vers l’ouverture d’un dialogue sur l’avenir du Cameroun.
Cela implique-t-il d’envisager de changer la forme de l’État ?
Faut-il aller vers un régionalisme accru ou, plus encore, vers le fédéralisme ? Il faudra poser la question aux Camerounais, au Parlement ou par référendum. Mais le constat de base, c’est un échec de la décentralisation. Paul Biya, malgré les discours, a toujours eu peur de décentraliser.