Georges Dougueli de Jeune Afrique a signé un texte assez soigné sur le service après-vente effectué ces derniers temps par le ministre Jacques Fame Ndongo sur les sorties aussi polémiques qu’extravagantes de Paul Biya.
« La technologie est une traîtresse. Laissez un micro ouvert et il n’aura pas l’intelligence de censurer, de couper, de mentir ou de dénaturer. Il révèlera la vraie nature de nos vénérés dirigeants, celle qu’ils cachent sous l’épais vernis de la communication politique. Il montrera sans fard ce que sont nos puissants sans leur armée de conseillers et autres collaborateurs. Autant la technologie est mise à contribution pour donner d’eux l’image d’« hommes dieux » infaillibles, autant cet instrument indiscret peut tout détruire en captant sans discernement une conversation qui n’était pas destinée à être rendue publique », écrit dans Jeune Afrique, Georges Dougueli Journaliste spécialisé sur l'Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France.
« Un micro intelligent n’aurait pas retransmis l’échange surréaliste du président camerounais, Paul Biya, avec ses accompagnateurs lors du deuxième sommet États-Unis – Afrique, qui s’est tenu du 13 au 15 décembre 2022 à Washington. Alors que le speaker annonce la prise de parole du dirigeant africain, on entend ce dernier dire en se dirigeant vers le pupitre : « Je suis en vedette […]. Qui sont tous ces gens qui sont là ? »On entend aussi le chef d’État, qui aura 90 ans le 13 février, murmurer, installé sur son fauteuil : « Est-ce qu’il y a des gens importants ? » Bien évidemment, dans l’auditoire, quelques personnalités, tel le Rwandais Paul Kagame, attendaient patiemment. Visiblement, le président n’avait pas été préparé par ses équipes à prendre la parole en public ce jour-là. Toujours en ligne, cette vidéo suscite des débats. Nous cacherait-on quelque chose ? Faut-il s’inquiéter de la lucidité du capitaine ?« Débats auxquels a tenté de mettre un terme Jacques Fame Ndongo, journaliste formé à l’École supérieure de journalisme de Lille, enseignant de sémiotique, auteur prolifique, ministre de l’Enseignement supérieur et, surtout, communicant-en-chef de l’ancien parti unique, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais. « Idéologue » du parti, aussi, prétendent certains. Peut-être parce que ce politique, qui renouvelle sans cesse son allégeance en se présentant volontiers comme une « créature » de Paul Biya a, ces quarante dernières années, mis un talent indéniable au service de la construction d’une image de président surhomme, presque transcendant et infaillible », commente Georges Dougueli