Actualités of Thursday, 22 June 2017

Source: 237online.com

Paul Biya reconnait (enfin) que son administration est en crise

Le Cameroun entrera bientôt en négociations pour un nouveau programme économique du FMI Le Cameroun entrera bientôt en négociations pour un nouveau programme économique du FMI

Paul Biya a dévoilé les grandes lignes de l’exercice budgétaire 2018. Il s’agit de la dernière année de son septennat des « Grandes réalisations ». La traditionnelle circulaire très attendue à la lisière de la fin du premier semestre de l’année a été signée le 20 juin 2017. En 84 points, Paul Biya a donné ses orientations. L’une des grandes annonces se trouve au point 33 relatif aux dépenses de personnel. Le président de la République souligne: « il faudra veiller au renforcement de l’assainissement de cette catégorie de dépenses ». Plusieurs formules sont choisies. Et dès l’ouverture, Paul Biya annonce la conduite d’une opération de « comptage physique » des personnels de l’Etat pour les actifs, de contrôle et de sécurisation des ayants-droit pour les personnels. Sans le dire vertement, le président de la République reconnaît par cette circulaire signée le 20 juin 2017 que son administration a des problèmes. Parce qu’en réalité, malin celui qui vous dira le nombre exact de fonctionnaires que compte le pays. Les opérations de recrutements par voie de concours sont souvent rendues publiques. Mais, au-delà, d’autres personnes émargent dans les caisses de l’Etat sans contrepartie. Aux personnels fictifs dans l’administration publique camerounaise, il faut coller des opérations bien connues au niveau du trésor. Le plus citée est le phénomène du « Mboma » qui permet à plusieurs agents publics civils comme militaires de bénéficier de plusieurs salaires.

Une Fonction publique budgétivore


Une pratique qui est souvent l’objet de gorge chaude lors des missions du Fonds monétaire international (FMI). L’institution lance à chaque fois un appel à l’austérité mais aussi à la rationalisation de la dépense publique. La situation commence à être critique entravant l’ambition d’une croissance à plus de 5% au sortir de 2016. L’annonce de l’opération de « comptage physique » du personnel de l’Etat intervient aussi dans un contexte particulier. Depuis 2014, l’ensemble des économies de l’Afrique centrale dépendantes de la ressource pétrolière subissent de plein fouet la baisse des cours sur le marché international. Même s’il est projeté une remontée des prix à la fin de l’année 2017, il faut dire qu’au 21 juin 2017, le baril était vendu à 43,56 dollars. Il s’agit d’une source non négligeable de recettes pour l’Etat. Dans la structuration des comptes du Cameroun, les contributions de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) montrent par exemple qu’entre janvier et avril 2017, les ventes effectuées par la SNH ont permis de transférer au Trésor public la somme cumulée de 108,46 milliards FCFA. Cette contribution des ressources pétrolières au budget de l’Etat en 2018 est projetée à 484 milliards FCFA, selon le FMI. Très loin des prévisions du FMI sur les salaires et rémunérations au Cameroun. En 2018, le FMI prévoit 2 883 milliards FCFA pour la ligne salaires et rémunérations. En 2019, ce chapitre passera à 3 096 milliards FCFA avant d’atteindre 3 329 milliards FCFA en 2020. Mieux un redéploiement qu’un nouveau recrutement C’est aussi à partir de cette tendance haussière de la masse salariale de l’Etat que Paul Biya a orienté sa politique budgétaire de l’année 2018. Il recommande donc au gouvernement « l’optimisation des recrutements dans la Fonction publique ». Pour Paul Biya, les nouveaux « recrutements devront correspondre aux besoins réels des administrations en fonction des postes de travail identifiés et surtout, ils devront être pertinents et soutenables ». L’esprit de la circulaire relative à la préparation du budget de l’Etat en 2018 laisse aussi peu de manœuvre aux recrutements. En effet, Paul Biya demande par conséquent au gouvernement que pour satisfaire les besoins en personnel, « il faudra privilégier le redéploiement et le renforcement des capacités ». D’autres mesures dans des domaines tant décriés au Cameroun sont recommandées pour limiter les dépenses de l’Etat qui rentrera sous-programme FMI dans les prochains mois.

En effet, Paul Biya exige l’évaluation rigoureuse de la demande des primes, la révision de la mercuriale des prix, l’application de nouvelles procédures de traitement des consommations publiques d’eau. Dans le même registre de cette austérité à peine voilée de l’Etat, Paul Biya recommande l’opérationnalisation de la mercuriale des prix des loyers contractés par l’Etat et ses démembrements. Et sachant bien que 2018 est une année électorale, la dernière de son septennat, à l’approche du bilan, Paul Biya exige d’accorder une priorité absolue à l’achèvement des projets en cours, mêmes s’ils ne disposent pas des autorisations d’engagement pluriannuelles.