Au moment où hier, mardi 13 février 2024, le président Paul Biya a soufflé, dans l’intimité familiale, sur sa 91e bougie – ce qui est une enviable grâce – et trois mois après que le peuple camerounais tout entier a célébré le quarantième anniversaire de son accession au pouvoir le 06 novembre 2023, c’est tout le monde, tant au Cameroun qu’un peu partout à travers le monde qui a réalisé, un peu comme dans un éblouissement, que – tout compte fait – cet homme d’exception déroule toute une vie, toute sa vie, au service du Cameroun. Un véritable monument vivant, et bien vivant Seul Nostradamus ou un médium extra lucide aurait pu prédire au fervent et très humble catéchiste Etienne Mvondo Assam et à son épouse Anastasie Eyenga Elle que leur bébé qui venait de pousser son premier cri le 13 février 1933 à Mvomeka, petite bourgade du département du Dja et Lobo – dans la province du Sud - allait, non seulement devenir président de leur pays, mais qu’il tutoiera tous les leaders, monarques et chefs d’Etats de l’Afrique et du monde entier pendant de longues, très longues années. Si de bienveillantes fées s’étaient indubitablement penchées sur le berceau du bébé Paul Biya dès sa naissance, son enfance profondément studieuse – et même carrément dévote – ne présageait rien du fabuleux destin qui attendait ce garçon poli, policé, assez introverti, et très éloigné de la turbulence des adolescents de son âge et de son époque. En fait, il nourrissait l’ambition de devenir serviteur de Dieu. Ainsi, rien d’étonnant à ce qu’après l’obtention de son certificat d‘études primaires obtenu en juin 1948 à l’école catholique de Ndem, il soit passé par le pré séminaire St Tharcisius d’Edéa de 1948 à 1950, puis de 1950 à 1958 au Petit Séminaire d’Akono. La suite de son cursus scolaire et universitaire, au Cameroun et en France, connu de tous – et que nous publions à toutes fins utiles en encadré – ne sera alors qu’une succession de réussites flamboyantes connues. En tout cas, dès son retour de France en 1962, suivi de son recrutement presqu’immédiat dans l’Administration camerounaise qui recherchait les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur au lendemain de l’indépendance de notre pays, Paul Biya – c’est connu aussi - connaitra une ascension aussi vertigineuse que spectaculaire : chargé de mission à la Présidence de la République en octobre 1962, Directeur du Cabinet du ministre de l’Education Nationale, de la Jeunesse et de la Culture en 1964, Secrétaire Général du même ministère en 1965, Directeur du Cabinet civil du président de la République en 1967, Cumul des fonctions de Directeur du Cabinet civil et de Secrétaire général de la présidence de la République, 1968 : ministre Secrétaire général de la présidence de la République, puis ministre d’Etat Sgpr en 1970. Véritable bourreau de travail En somme une ascension fulgurante et carrément étourdissante pour ce jeune fonctionnaire calme, méthodique, pointilleux et véritable bourreau de travail en l’espace de huit ans s’est imposé à côté, très à côté, du président Ahmadou Ahidjo qui n’accordait sa confiance qu’aux commis de l’Etat pétris de qualités. Après cinq ans à ce poste de plus proche collaborateur d’Ahmadou Ahidjo, à la plus grande surprise du grand public, Paul Biya - qui, malgré ses très hautes responsabilités au sommet de l’Etat sous l’ombre du tout puissant et très exigent Ahmadou Ahidjo, Paul Biya qui était resté un homme sobre, discret, secret même - est propulsé en juin 1975 Premier ministre de la République Unie du Cameroun. Beaucoup qui ne connaissaient que son nom, pourtant lu de temps en temps dans les communiqués et régulièrement mis en relief dans les actions gouvernementales, ont subitement réalisé que Paul Biya était devenu en l’espace de treize ans le second personnage de l’Etat sans faire de bruit. L’autre grand saut que réussira le fils de Mvomeka, ce sera exactement quatre ans plus tard quand, à la faveur de la loi N° 79/ 02 du 20 juin 1979, Paul Biya est consacré Premier ministre successeur constitutionnel du président Ahmadou Ahidjo.
Instauration de la démocratie
Coup de tonnerre, non seulement dans le landernau de la Haute administration du Cameroun, mais aussi dans les chancelleries des grandes puissances mondiales. Pourtant le meilleur était à venir. Car à la grande stupéfaction nationale, sans que rien n’ait pu le laisser deviner ou simplement subodorer, le président Ahidjo démissionne de ses fonctions de président de la République et laisse la gestion du pays à celui qui depuis quatre ans, était son successeur constitutionnel. Le pays tout entier, d’abord surpris, a accueilli cette situation avec ferveur et enthousiasme. C’était il y a 41 ans. Et depuis lors, que d’eau a coulé sous les ponts. Les camerounais ont vécu toutes les péripéties de l’exercice du pouvoir suprême par Paul Biya qui a bravé des tas de tempêtes : Une tentative de coup d’état militaire, les pressions insupportables des institutions de Bretton Woods, les plans d’ajustements structurels suicidaires, la détérioration des termes de l’échange, la baisse cynique des cours du prix du pétrole, la dévaluation du Fcfa, le vent d’Est qui a provoqué une avalanche de conférences nationales et de destitutions de nombreux chefs d’états africains. Diplomatie et règlement pacifique Face au problème de l’instauration de la démocratie dans notre pays, Paul Biya aura puisé dans les ressources de son courage et de la gestion des hommes et des événements en instituant la démocratie au Cameroun avec tact et à propos. Des écueils et des trahisons de toutes natures, Paul Biya en essuyé des tonnes, mais a toujours, avec ce flegme et cette détermination qui sont son trait de caractère le plus saillant, les contrôler, les amortir ou les annihiler. L’exemple le plus spectaculaire étant ce conflit territorial ayant opposé le Cameroun à son puissant voisin le Nigeria pour la presqu’ile de Bakassi. Face au gouvernement Nigérian, surexcité à cette époque par un lobby de militaires va-t’en guerre qui préférait l’affrontement militaire, Paul Biya opta pour la diplomatie et le règlement pacifique devant la Cour internationale de Justice devant laquelle la défense du Cameroun assurée par une impressionnante équipe de spécialistes du Droit remporta une retentissante victoire toujours citée en exemple dans le monde entier jusqu’aujourd’hui. Qualifié de façon unanime comme le sage de l’Afrique, Paul Biya tient toujours à garder la main ferme dans la préparation de celui qui aura la responsabilité de conduire les destinées du Cameroun, certainement au terme de l’élection présidentielle de 2025. Respecté à travers le monde entier pour sa pondération, sa sagesse et son expérience, Paul Biya mérite aujourd’hui que ses compatriotes le respectent pour son parcours et sa figure légendaire.