Pour certains Camerounais, il n'y a aucun doute que Paul Biya va continué à s'accrocher au pouvoir. Tout comme ses compairs qui ont été forcés à abandonner leur fonctions, soit par un coup d'Etat, soit par la maladie, en tout cas dans l'humiliation.
Est-ce que ce sera le cas pour Paul Biya? Selon un Camerounais avec qui Jean Bruno Tagné a récemment discuté, Paul Biya va très mal finir.
Jean Bruno Tagné publie un compte-rendu de sa discussion avec ce compatriote très furieux:
"C’est un gars très énervé par ce qu’il se passe au Cameroun. Chaque fois qu’il m’arrive de discuter avec lui de ce pays, il n’y a que du piment sur sa langue. Il fulmine. Il enrage.
Hier, au cours d’un de nos échanges, comme s’il ne savait plus quoi dire - à défaut du fameux « on va faire comment ? » - il a lâché ce que j’ai cru percevoir de sa part comme une puissante malédiction ou un mauvais sort jeté de toutes ses tripes contre le responsable du drame camerounais : « En tout cas, Biya va mal finir ! Très mal même ! » J’ai ri.
À quel âge ou à quel moment va-t-il mal finir, Paul Biya ? À 92 ans, il joue une interminable prolongation de sa vie politique et même de sa vie tout court. Dieu lui a fait grâce d’une exceptionnelle longévité et d’un destin peu commun qu’il n’a malheureusement pas su mettre au service du bien commun et d’un Cameroun digne, debout, prospère et respecté.
C’est une ampoule grillée, Paul Biya, et je ne suis pas sûr qu’il ait peur d’un quelconque court-circuit. Il ne ressent plus rien. Il ne voit plus rien. Il n’entend plus rien. Il n’a plus d’émotion. Ni pour la souffrance des Camerounais, ni pour les pleurs de ses compatriotes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ni pour les cris de faim qui remontent de partout, ni pour l’image du pays qui se délabre chaque jour un peu plus et se transforme en champ de ruines. Qu’importe ce que le Cameroun et les Camerounais deviendront après lui. Il s’en tape. C’est un homme de pouvoir, mais pas un homme d’Etat. Il n’a jamais eu le sens de l’histoire. Il roupille sur son trône. Ça lui suffit.
La « famille » sait se rabibocher
Le vrai combat, me semble-t-il, n’est plus contre le président Biya, mais plutôt contre ses créatures. La vulgate dit que « l’enfant du serpent, c’est le serpent ».
Ses créatures, qui l’ont fidèlement aidé à détruire le Cameroun pendant 43 ans avec une rare détermination, sont le vrai danger qui nous guette après le président Biya. Ce sont des êtres dangereux et foncièrement méchants. Ce sont des jouisseurs impénitents, mais aussi des gens d’une sublime incompétence. Si par malheur le pays retombait entre leurs mains de pirates, il n’y aurait pas de mots pour décrire le drame camerounais.
Et ceux qui espèrent qu’il y aura une implosion en interne, qu’ils vont s’entretuer quand leur parrain ne sera plus là, je recommande la plus grande prudence. La pègre a ceci de particulier qu’elle sait se rabibocher, se mettre ensemble, faire table rase des conflits du passé, des rancœurs d’antan pour sauver la « famille » et les biens volés. « Famille » au sens le plus mafieux du terme.
Tous ont volé. Beaucoup. Énormément. À ne même pas savoir quoi en faire. Ils volent pour voler. Ils ont donc besoin du statu quo pour continuer à jouir de ces biens qu’ils ont rigoureusement spoliés à ce pays. Le peuple doit crier. Crier fort pour que jamais ils n’aient la paix. Et que soit l’avènement des patriotes qui construiront le pays sur des bases saines".