Actualités of Wednesday, 20 April 2016

Source: cameroon-info.net

Paul Soppo s’exprime sur le coup d’État manqué du 6 avril 1984

Paul Alphonse Soppo, liquidateur de l’ex-BIAO Paul Alphonse Soppo, liquidateur de l’ex-BIAO

Le liquidateur de l’ex-Biao s’est exprimé sur le sujet 32 ans après, sur les antennes de STV.

Le 6 avril 1984, des éléments de l’ancienne Garde Républicaine tentaient de prendre le pouvoir de Paul Biya par des armes. Si cette tentative a débouché sur un échec retentissant, le souvenir reste vivace dans la mémoire des Camerounais 32 ans après. Le cas de Paul Alphonse Soppo.

Le liquidateur de l’ex-BIAO (La Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale, liquidée en 1990), s’est exprimé sur le sujet le 10 avril 2016. Il était l’invité du programme dominical «7 hebdo», diffusé sur la chaîne de télévision STV. Paul Soppo a avoué avoir vu de bon œil le putsch.

Le quotidien Le Jour revient ce 19 avril sur les propos de l’ancien député à l’Assemblée Nationale au cours de cette émission: «J’étais à Yaoundé, parce qu’à l’époque, je travaillais au ministère de l’Économie et du Plan. Je me rends au travail et constate que les routes sont désertes, mais qu’il y a de petits groupes qui se forment çà et là.

Je me rapproche de l’un de ces groupes pour m’enquérir de ce qui se passe. Et on me fait savoir qu’il semble que la nuit, il y a eu un coup d’État. Moi je suis rentré chez moi. Et avec des amis, nous nous sommes mis à écouter la radio. Jusqu’à 09h, il n’y avait que la musique militaire. Ce que je vous dis, c’est ce que j’ai vécu. Tout le monde était d’accord à cet instant-là.

Tous ceux qui étaient dans la rue, disaient c’est bien, parce que le président ne veut pas ci, ne veut pas prendre telle décision. J’étais dans la rue, nous étions à côté du bâtiment de la Sni encore en construction. Et nous avons vu, moi j’ai vu les commandos de Koutaba atterrir au stade malien de Yaoundé», a-t-il dit.

Dans la suite de son récit, Paul Soppo reconnaît n’avoir pas condamné le coup d’Etat: «Subitement, la musique militaire cesse. Et il y a un discours, le discours est lu par un représentant du Grand Nord. Tout le monde s’est soulevé et a dit jamais. Si c’est ça, nous retournons dans le maquis. Et voilà l’impréparation, c’est ça l’impréparation. Une révolution, ça se conçoit, ça se prépare.

Parce que s’ils avaient préparé ce coup d’État, je suis convaincu qu’ils auraient réussi parce qu’ils avaient pris l’aéroport, ils avaient pris la radio. L’impréparation a fait en sorte qu’ils ne comprennent pas que le petit technicien de la radio, étant donné que c’était la seule voie pour diffuser leur message à travers tout le territoire du Cameroun, que le petit technicien peut-être important. Ils ont négligé tous ces détails. C’est ça donc l’impréparation. Et après on va vous dire que l’opposition a échoué…»

Le Jour note que cette sortie a immédiatement créé un tollé général. En commençant par Anicet Ekanè, autre invité de la même émission: «Je ne comprends pas M. Soppo, il vient de dire qu’il est contre la prise de pouvoir par les armes. Et il vient d’avouer qu’il était d’accord pour le coup d’État. Première chose. Deuxièmement, sa deuxième assertion me glace. Son seul problème contre la prise de pouvoir par les armes est une connotation régionaliste.

Ce n’est que dans ce cas qu’il se déclare contre le coup d’État, que son problème c’était que les Camerounais du Nord ne puissent accéder au pouvoir, mais il est prêt à une prise de pouvoir par les armes. Vraiment c’est une dérive scandaleuse qui sectionne le pays en «Bantoustan», les gars du Nord ne sont pas bons pour le pouvoir, les Bamiléké non plus, il faut qu’on reste soi-disant entre nous. Nous, nous étions contre ce coup d’État. Quel qu’il soit. Pourquoi ?

Parce que l’arrivée de Biya au pouvoir était une avancée par rapport à ce qu’était le régime d’Ahidjo. Et l’Upc à laquelle moi je militais en ce moment-là et ce depuis 1973, nous avons soutenu Biya, lui demandant de faire en sorte que ce pouvoir un peu plus ouvert, plus démocratique, soit consolidé», a déclaré le candidat du MANIDEM à l’élection présidentielle de 2011.