Actualités of Thursday, 4 July 2024

Source: www.camerounweb.com

Pièges sans fin: Samuel Eto'o échappe à une destitution

Samuel Eto'o Samuel Eto'o

Dans le monde du football camerounais, une nouvelle tempête se profile à l'horizon, et cette fois-ci, c'est la légitimité même de Samuel Eto'o, icône nationale et président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), qui est remise en question. L'Association des clubs de football amateur du Cameroun (ACFAC) vient de lancer une bombe à retardement en accusant Eto'o de détenir la nationalité espagnole, ce qui, selon la loi camerounaise, le rendrait inéligible à son poste actuel.

Cette affaire, qui pourrait sembler anodine dans de nombreux pays, prend une dimension particulière au Cameroun, où la question de la double nationalité reste un sujet brûlant. L'ACFAC affirme détenir des "preuves irréfutables" qu'Eto'o aurait acquis la nationalité espagnole en 2007, durant son passage glorieux au FC Barcelone. Si ces allégations s'avéraient vraies, elles pourraient non seulement mettre fin à la présidence d'Eto'o à la Fecafoot, mais aussi ternir l'héritage d'un des plus grands joueurs de l'histoire du football africain.

Le timing de ces accusations n'est pas anodin. Elles surviennent dans un contexte de tensions croissantes entre Eto'o et les autorités sportives camerounaises, notamment depuis la nomination controversée du Belge Marc Brys comme sélectionneur national. Cette affaire de nationalité semble être l'arme ultime brandie par les opposants d'Eto'o pour l'évincer de son poste.
Mais au-delà du cas personnel d'Eto'o, cette controverse met en lumière les paradoxes de la société camerounaise face à sa diaspora. D'un côté, le pays célèbre ses stars internationales comme des héros nationaux. De l'autre, il maintient une législation rigide sur la nationalité qui pourrait priver ces mêmes stars de leurs droits civiques au pays.

L'ironie de la situation n'échappe à personne : Eto'o, qui a porté haut les couleurs du Cameroun sur les terrains du monde entier jusqu'en 2014, pourrait se voir disqualifié de la gestion du football de son pays natal pour avoir adopté la nationalité d'un pays où il a connu ses plus grands succès sportifs.
Cette affaire pourrait bien devenir un catalyseur pour relancer le débat sur la double nationalité au Cameroun. Le président Paul Biya lui-même aurait envisagé à plusieurs reprises d'autoriser cette pratique. L'affaire Eto'o pourrait-elle être l'élément déclencheur d'un changement législatif majeur ?

En attendant, le football camerounais retient son souffle. Si les accusations de l'ACFAC sont avérées, les conséquences pourraient être désastreuses pour Eto'o : suspension à vie, remboursement des avantages obtenus de la Fecafoot, et une amende colossale de 20 milliards de francs CFA.

Le Lion Indomptable qu'était Eto'o sur le terrain se retrouve aujourd'hui pris au piège d'un jeu politique et juridique complexe. Sa capacité à s'en sortir déterminera non seulement son avenir personnel, mais pourrait aussi redéfinir les contours de l'identité nationale camerounaise à l'ère de la mondialisation.