Fermer un média simplement pour ses options éditoriales peut être préjudiciable au plan économique. La survie des employés et des annonceurs d’Equinoxe peut être mise en péril.
« L’heure est grave ! Un mauvais vent souffle en ce moment pour priver les auditeurs et téléspectateurs des informations de Radio Equinoxe et d’Equinoxe Télévision. Des menaces, des intimidations, des pressions multiformes et des mises en garde se multiplient. Soucieux d’un journalisme de qualité, le Groupe La Nouvelle Expression rappelle qu’il n’appartient à aucun camp et ne défend aucun clan ou lobby. Le Groupe La Nouvelle Expression réaffirme son professionnalisme par sa volonté de toujours exercer le plus beau métier du monde dans le respect des règles professionnelles et dans le respect des règles éthiques et déontologiques. »
Solidarité des rédactions du groupe
Cette mise au point a été faite le mardi 22 mars 2022 par Edmond Kamguia, Editorialiste au Groupe La Nouvelle Expression/ Equinoxe Radio et Télévision. Ce journaliste plaide pour l’indépendance éditoriale du groupe dirigé par Séverin Tchounkeu.
« C’est ainsi que toutes les sensibilités politiques s’expriment libre- ment lors des débats organisés dans les émissions de Radio Equinoxe et d’Equinoxe télévision. Nous remercions les lecteurs du quotidien la Nouvelle Expression, les auditeurs de Radio Equinoxe et les téléspectateurs d’Equinoxe Télévision pour leur fidélité et leur soutien », explique-t-il.
Une manière pour lui de traduire la solidarité de toutes les équipes de rédaction aux options éditoriales de ce groupe de média. Un engagement qui, selon le syndicaliste,, est lié à la préservation des emplois des journalistes, commerciaux et technico- artistiques employés par le Groupe La Nouvelle Expression Radio et Télévision Equinoxe.
En effet, l’annonce du ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, qui menace d’exercer des représailles contre Equinoxe Télévision a créé un vent d’inquiétude chez bon nombre de cadres et d’employés de ce média. Edmond Kamguia est monté au créneau pour dénoncer « ces menaces » qui non seulement affectent « la liberté d’expression », mais aussi, visent « le professionnalisme » des employés de cette maison qui emploie de manière directe ou indirecte plus de 100 journalistes et correspondants dont le rôle est la production de reportages destinés aux journaux TV et Radio au sein du groupe Équinoxe.
Il est incontestable que chez bon nombre des employés de ce groupe, indépendance économique d’un organe de presse, liberté d’expression et respect de la déontologie journalistique sont liés. Ce qui laisse penser que ces employés pourraient se retrouver au chômage au cas où les pouvoirs publics venaient à bâillonner ce média. Des échanges avec certains journalistes de cette entreprise de presse, il ressort qu’une éventuelle fermeture pour des raisons de politique éditoriale hostile au gouvernement pourrait avoir des conséquences sociales : perte des emplois et des sources de revenus.
Une crise sociale en vue
D’autant que pour certains, les menaces du Minat peuvent jouer sur la réputation de la maison et faire fuir certains annonceurs, avec diminution des recettes publicitaires. Les craintes sont assez explicites. Car, en 2003, suite à la fermeture de
Freedom Fm à Douala, de nombreux emplois avaient été supprimés par feu Puis Njawé alors promoteur de cette radio qui projetait d’émettre sur la ville de Douala. Une expérience qui revient à l’esprit de Luc Wandji, cadre de la Centrale des syndicats des travailleurs autonomes du Cameroun (Cesac).
Ce syndicaliste est d’avis qu’’en menaçant de réprimer Equinoxe Télévision, l’Etat du Cameroun porte un acte préjudiciable à la stabilité économique de ce média avec pour conséquences sociales, des éventuels pertes d’emplois chez son personnel et ses annonceurs. Ce militant souligne que priver un annonceur d’une tribune de publicité pourrait faire baisser sa clientèle.
Pour lui, l’annonce faite par le Minat à l’endroit de Equinoxe Télévision pourrait dériver sur une crise sociale . En tout cas, la Déclaration de Principes sur la Liberté d’Expression en Afrique au point XIV qui parle des mesures économiques relatives aux médias indique : « 1. Les Etats doivent favoriser un environnement économique général au sein duquel les médias peuvent se développer. 2. Les Etats ne doivent pas user de leur pouvoir de faire une annonce publique comme moyen d’intervenir dans le contenu des médias . »
Relativement à la préservation des emplois en cas de crise, de fermeture administrative ou judiciaire d’un organe d’expression, Willy Engamba Mack Susic, administrateur du travail et de la sécurité sociale et chef du service régional de la régulation de la main d’œuvre à l’Ouest, souligne que l’Etat a l’obligation de favoriser la réinsertion ou la reconversion professionnelle des employés ayant perdu leur emploi.
« Les textes qui organisent le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle indique que la réorientation ou la réinsertion professionnelles font partie des missions de ce département ministérielle. En cas de fermeture d’une entreprise, l’Etat peut favoriser le reclassement de ses employés dans les autres sociétés », explique-t-il.