Actualités of Saturday, 27 June 2015

Source: L’Oeil du Sahel

Plus de 300 000 Nigérians et Centrafricains réfugiés au Cameroun

Des réfugiés Nigérians et Centrafricains au Cameroun Des réfugiés Nigérians et Centrafricains au Cameroun

Leurs besoins prioritaires restent l’alimentation, l’accès à l’eau, la santé, les abris, l’hygiène et salubrité, et l’éducation.

Anthony est un réfugié nigérian arrivé au Cameroun bien avant le début des attaques de la secte islamique Boko Haram. Dépaysé au départ, il s’est très vite intégré au sein de la société camerounaise, parce que sur place étaient déja bien implantés ses concitoyens.

A la faveur de la journée mondiale des réfugiés célébrée le 20 juin 2015, cet homme de 35 ans, titulaire d’un magasin de pièces détachées à Yaoundé, est conscient du poids que constituent ces nombreux réfugiés pour le Cameroun. Il manifeste sa solidarité envers les populations des zones de conflit, en particulier avec ses compatriotes nigérians de la région de l’Extrême-Nord.

Arrivés au Cameroun à cause des exactions de la secte islamique Boko Haram et de la crise centrafricaine, les chiffres sur les réfugiés sont un peu querellés. D’après Gildas Banda, chargé de la coordination inter-agences du système des Nations Unies au Cameroun, le pays de Paul Biya abrite à l’Est, environ 296.000 réfugiés centrafricains anciens et nouveaux, et 40.000 Nigérians dans l'Extrême-Nord, dont la prise en charge humanitaire s'associe à celle de 96.000 à 100.000 déplacés. A la direction de la protection civile du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le nombre de réfugiés s'établit plutôt à près de 325.000 personnes «sur le territoire national, issues de 28 nationalités et disséminées dans 8 régions», dont 250. 000 Centrafricains (sur 464.000 recensés en Afrique centrale) et 75.000 Nigérians. Le HCR projette pour 2015, un total de 312 000 réfugiés dont 242 000 centrafricains et 74 000 nigérians.

Les exactions de Boko Haram ont également provoqué le déplacement interne de 117 650 Camerounais vivant dans des familles d’accueil ou occupant des écoles. Les besoins urgents sont l’assistance alimentaire, l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, les abris et la santé.

PRISE EN CHARGE

L’afflux des réfugiés au Cameroun est une situation préoccupante. Heureusement, pour leur prise en charge, les partenaires apportent leur aide. La République d’Allemagne a, par exemple, octroyé un don de 4 milliards de Fcfa au Cameroun, pour permettre d’assurer une meilleure prise en charge des réfugiés centrafricains et nigérians. Cet appui du gouvernement allemand, a souligné le ministre délégué de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Yaouba Abdoulaye, servira prioritairement à la réalisation de projets d’adduction d’eau potable, afin de prévenir les maladies hydriques dans les villages abritant les réfugiés. Des villages dans lesquels, le spectre de la famine plane également, selon divers organismes humanitaires, des populations locales ayant délaissé des activités agro-pastorales à cause de l’insécurité.

Avant l’Allemagne, c’est le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, qui appelait la communauté internationale à soutenir les réfugiés et déplacés en souffrance. Il l’a exhortée à «être plus solidaire avec le Cameroun qui accueille des centaines de milliers de réfugiés centrafricains et nigérians sur son sol», précise un communiqué. «Le gouvernement et le peuple camerounais ont fait preuve d’une énorme générosité en maintenant les frontières ouvertes, les portes ouvertes et les coeurs ouverts à plus de 350 000 réfugiés. Mais le Cameroun souffre de l’impact de la situation qui prévaut au Nord-Est du Nigeria», a constaté le HCR en visite en mars 2015, au camp de réfugiés nigérians de Minawao, dans la région de l’Extrême-Nord. Pour lui, «Il faut que l’aide humanitaire augmente de manière significative pour qu’on puisse garantir aux Centrafricains, aux Nigérians, aux personnes déplacées internes et aux communautés locales, tout l’appui dont ils ont besoin en ce moment extrêmement difficile. Il faut aussi et surtout aider le Cameroun, du point de vue économique et sécuritaire ».

Au Cameroun, le HCR assure la protection et l’assistance à près de 282 000 réfugiés et demandeurs d’asile, vivant pour la plupart dans les régions de l’Est, de l’Adamaoua et de l’Extrême- Nord. Les interventions du HCR bénéficient également à plus de 300 000 Camerounais des zones d’accueil des réfugiés, précise le communiqué. Ses priorités sont, entre autres, l’équipement des postes de sécurité au niveau des sites aménagés, le renforcement des abris dans les sites aménagés et la distribution de biens domestiques. A côté de lui, ce flux des réfugiés a engendré le déploiement de d’autres institutions internationales telles que le PAM, la Croix rouge et Médecins sans frontière (MSF) qui, outre le volet sanitaire, contribue au ravitaillement en eau potable du camp de Minawao à hauteur de 26%.

RECONNAISSANCE

Avant la célébration de cette journée mondiale des réfugiés, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a lancé une campagne de sensibilisation pour mieux faire connaître le volet humain du drame vécu par les réfugiés, selon un communiqué de l’ONU. «En apprenant à connaître ces familles remarquables, j’ai réalisé que bien qu’elles aient dû tout abandonner derrière elles lorsqu’elles ont été contraintes de fuir leurs foyers, elles partagent souvent les mêmes espoirs et les mêmes rêves que nous tous. Elles n’ont pas perdu leur identité, leurs compétences ou leurs passions.

Elles ont simplement hâte de reprendre une vie normale», a déclaré Helena Christensen, photographe et mannequin, commentant son expérience en Colombie. Célébrée tous les 20 juin, la JMR est une occasion pour sensibiliser le grand public sur le sort des personnes déplacées qui désertent leurs domiciles pour échapper à la mort. Cette journée est surtout l’occasion de reconnaître la résilience et le courage de ces personnes. La campagne 2015 de la JMR vise à réduire la distance qui sépare les personnes exilées des autres. L’objectif, c’est de lutter contre l’idée que l’autre est un étranger, en montrant les similarités et les points communs des populations des pays d’accueil avec les réfugiés et les déplacés.